lundi 5 avril 2010

Histoire: l'Europe depuis 1945

Europe au lendemain de la guerre = un continent meurtri, à la fois victime et responsable de la plus grande barbarie jamais connue, du plus grand carnage. La « guerre civile européenne » est rejetée , il y a un idéal fort issu de ce rejet et qui prône l’union de l’Europe. Volonté de reconstruire sur d’autres bases, à la fois de la part des dirigeants et de la part des peuples
Mais l’Europe, malgré ces discours sur sa nécessaire unité, reste divisée
Libérée à l’ouest par les Alliés / à l’Est par l’URSS seule
Des lignes de partage qui demeurent pendant toute la période de la guerre froide, jusqu’en 89. Des évolutions différentes des 2 côtés du « rideau de fer ».
En 89/91, une réunification, mais dans des conditions difficiles

1- La construction européenne
Des débats sur la nature de cette construction
Sur l’implication populaire dans ce processus :
- Une Europe née de la volonté des peuples de s’unir dans la paix après des années de guerres ?
- Une Europe née de la volonté des puissants de s’unir pour maximiser les profits en mettant les salariés en concurrence ?
Sur les objectifs de la construction européenne : une Europe puissance (politique) ou une Europe marché (économique) ?
Sur les buts géopolitiques : une Europe issue de la volonté des Etats-Unis face à la zone d’influence de soviétique à l’est (autre version = union des Etats d’Europe face à la menace soviétique) ou une Europe issue de la volonté des Etats européens de s’unir pour peser et constituer un espace indépendant ?

Toutes ces problématiques sont toujours d’actualité. C’est un débat très marqué idéologiquement, l’Europe est une question qui divise. Le fait qu’il y ait des débats sur la nature de l’Europe est à l’origine du fait que la construction a été longue, progressive et limitée : attachement des Etats à leurs intérêts nationaux par exemple, ont empêché certains éléments de la construction européenne (CED). L’histoire de la construction européenne n’est donc pas linéaire, elle est une histoire faite d’avancées, de reculs, de stagnations.

1: LES FONDEMENTS DE LA CONSTRUCTION EUROPEENNE
1.1: L'Europe doit sauvegarder la paix:

Cette notion date déjà de la première guerre mondiale et des premiers rêves d'Union européenne


• L'Europe a été traumatisée par les deux guerres mondiales et en particulier l'ouverture des camps de concentration a provoqué un choc particulièrement profond. Donc dès la fin de la guerre, une volonté commune domine: mettre en oeuvre des mesures concrètes pour unir les européens et surtout pour garantir la paix. Dans la Résistance et dans les camps, l'idée européenne était présente: l'unification européenne était souvent considérée comme la solution aux guerres et comme le remède contre le fascisme

• L'Europe doit beaucoup au volontarisme de ses "pères fondateurs": Jean Monnet ( le commissaire au plan) et Robert Schuman (le ministre des affaires étrangères)pour la France. Ces personnages représentent la tendance politique baptisée Démocratie chrétienne. L'impulsion est donnée par Winston Churchill qui en mai 1948 réunit 800 délégués de 19 pays dans un Congrès à la Haye. Les francais et les anglais sont les plus nombreux mais ce congrès est le premier appel favorable à une Europe unie qui correspondrait à la constitution des " Etats-Unis d'Europe". Les Européistes sont convaincus que le progrès social et économique n'est possible que si les Etats interviennent pour réguler l'économie, limiter les inégalités et rendre plus efficace l'appareil productif.

• La guerre froide accélère la construction de l'Europe car les Etats-Unis sont persuadés qu'une Europe occidentale unie serait le meilleur rempart contre " le péril rouge". En 1947 les Etats-Unis proposent une aide aux Etats européens, le plan Marshall mais seuls les Etats d'Europe occidentale l'acceptent. En 1948 les Etats-Unis fondent ainsi l'Organisation Européenne de Coopération Economique ( OECE) dont la mission est de répartir l'aide prévue dans le cadre du plan Marshall. C'est la première réalisation vers un marché commun.

1.2: L'Europe, défenseur de la démocratie

L'Europe est le berceau de la démocratie car c'est le résultat d'une longue histoire où le parlement s'est fait le défenseur des libertés individuelles et le garant du contrat entre le peuple souverain et le pouvoir qui le représente. Les fascismes avaient menacé cette démocratie entre les deux guerres .

• Après 1945, la démocratie regagne du terrain. Les derniers régimes autoritaires ( Grèce, Espagne, Portugal) disparaissent dans les années 70. Partout les constitutions garantissent le multipartisme et obligent les gouvernements à défendre leur responsabilité devant les parlements.

• L'économie de marché domine partout sur la base du respect des libertés économiques: droit à la propriété privée et initiative individuelle. Cela n'empêche pas une évolution vers une intensification du rôle économique de l'Etat: en France, en Grande-Bretagne,en Italie et en Allemagne les nationalisations élargissent le secteur public. Ce sont les pouvoirs publics qui lancent de vastes programmes de reconstruction et d'équipement. En Allemagne modèle du dialogue social C'est un modèle finalement original qui est proposé par l'Europe occidentale.

• L'Europe d'après guerre serait même une Europe sociale car pour corriger les inégalités sociales et favoriser la croissance et l'emploi, la plupart des pays européens renforcent leur système de protection sociale sur le modèle proposé par le britannique William Henri Beveridge qui prône l'instauration du " Welfare State" donc de l'Etat- providence. En France cela onnera la création de la Sécurité Sociale. .

1.3: L'Europe se cherche un cadre ( 1946-57)
• En mai 1949, 10 états européens se réunissent à Londres pour créer le Conseil de l'Europe. Celui-ci se présente avant tout comme " un grand laboratoire d'idées" et son but est de renforcer la solidarité entre Européens sur le plan social, juridique, culturel et scientifique. En 1950, le Conseil promulgue la Convention européenne des Droits de l'homme. Ce conseil, simple organisme de coopération, n'a pas les pouvoirs de mettre en oeuvre des politiques communes.

• L'initiative du passage d'une simple coopération à une véritable communauté revient à Jean Monnet, favorable à la construction des Etats-Unis d'Europe" et R Schuman, ministre des AE
Textes 5 et 6 p. 213 : question 1 = expliquer la phrase
Il est convaincu qu'il faut une action concrète, portant sur un point limité et décisif. Cette union se fera autour du noyau franco-allemand et se réalisera progressivement par la stratégie " des petits pas". C'est ainsi que va naître la CECA( communauté économique du charbon et de l'acier), le 18 avril 1951. Robert Schuman, ministre des affaires étrangères lance un plan inspiré des idées de Jean Monnet, visant à placer la production franco-allemande de charbon et d'acier sous la Haute Autorité commune , véritable organe supranational. D'autres pays européens peuvent entrer dans l'organisation. 6 pays en font partie: la France, la RFA, l'Italie et les 3 pays du Bénélux ( Pays-Bas, hollande, Luxembourg). Autre vision des choses = la CECA = renforce les coopérations entre les capitalistes allemand et français, déjà permettent de faire baisser les salaires, pratique ensuite étendu à tout le reste

• Le 27 mai 1952, un nouveau traité est signé à Paris entre les membres de la CECA afin de créer la CED , la Communauté Européenne de Défense. Cette idée est celle du président du conseil français, René Pleven qui pense ainsi permettre le réarmement allemand sans reconstituer une armée allemande autonome. Il s'agirait d'une armée commune placée sous l'autorité d'un ministre européen de la défense. Mais si les 5 partenaires de la France ratifient le traité, les français eux se divisent sur ce projet car certains craignent que la France perde son autonomie dans sa politique de défense. Résultat: le parlement français sous la pression des gaullistes et des communistes rejettent la CED. Les américains permettent à la RFA de reconstituer son armée et l'Allemagne entre dans l'OTAN ainsi que dans l'UEO ( Union de l'Europe Occidentale) , dans le pacte d'assistance mutuelle entre les états d'Europe Occidentale.

• La relance de la construction ne va se faire qu'en juin 1955 à la conférence de Messine dans laquelle les ministres des affaires étrangères des 6 et des experts de la CECA tentent de tirer les enseignements du rejet de la CED. La décolonisation est en train d'affaiblir les puissances occidentales et la pression des deux grands se renforce; il faut relancer la construction européenne en élargissant l'union économique dans d'autres domaines que l e charbon et l'acier.

• C'est ainsi que le 25 mars 1957, les 6 pays de la CECA signent le traité de Rome qui institue 2 organismes complémentaires: la CEE ( communauté économique européenne) et l'Euratom ( communauté européenne de l'énergie atomique). Le Marché commun est né c'est à dire une suppression progressive des frontières entre les états membres même si le traité de Rome préserve la souveraineté des Etats. Ce n'est que le début du débat.Un tarif Extérieur Commun, le TEC qui est un tarif douanier commun est adopté, à l'égard des autres pays. Cette " Europe des marchands" est loin d'être celle à laquelle rêvaient les pères de l'Europe....

• La clé de voûte de l'Europe reste l'entente franco-allemande et le Général de Gaulle et le chancelier Adenauer multiplient les contacts et signent des traités d'amitié et de coopération qui exaspèrent d'ailleurs les américains. Le Général pèse de son poids sur l'avancée de l'Europe puisqu'en 1967 il s'oppose à l'entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun, qu'il estime trop proche des américains. Pour empêcher l'intégration avec la règle de la majorité au Conseil, il suspend la participation de la France aux travaux à Bruxelles. C'est la politique de la chaise vide qui met des tensions au sein de la CEE mais qui se termine par la victoire de la France puisqu'en 1966, à Luxembourg il est entériné que sur les points essentiels, le vote à l'unanimité reste la règle.

2: DE L'EUROPE DES 6 A L'EUROPE DES 12:


2.1: Des institutions et des politiques communes
6 p 215 : L'organigramme des institutions principales de la CEE montre que celles-ci garantissent avant tout la souveraineté de chaque Etat.

• Avec le traité de Rome, la Commission Européenne siégeant à Bruxelles et constituée de membres désignés par les gouvernements des états-membres , avait le rôle moteur: elle proposait et appliquait. Dans la réalité c'est le Conseil des ministres des Etats-membres qui est le seul habilité à prendre des décisions. D'autre part la plupart des décisions sont prises à l'unanimité même si il est prévu une autre possibilité: la majorité qualifiée c'est à dire 2/3 des voix. A partir de 1966, une décision communautaire fermera un peu plus le système puisqu'elle permettra à un Etat de s'opposer à une décision communautaire lorsqu'il estime ses intérêts vitaux menacés. Au sommet de la hiérarchie, à partir de 1974, il faudra ajouter le Sommet européen qui réunit les chefs d'Etat et de gouvernement, mais qui ne fait que définir les grandes orientations. Son rôle est uniquement de renforcer la concertation entre les chefs de gouvernement.

• A l'initiative du couple franco-allemand, un Parlement européen est créé en 1976, qui va devenir le symbole de la démocratie européenne. Depuis 1979 il est élu tous les 5 ans au suffrage universel direct par les électeurs des Etats-membres. Cependant ce parlement formé d'élus nationaux ne dispose pas de pouvoirs législatifs comparables à ceux des parlements nationaux. On peut considérer son rôle comme essentiellement consultatif même si progressivement il a pris du poids dans les institutions; surtout depuis qu'il peut renverser la Commission Européenne et qu'il vote le budget.

• L'une des plus importante politique commune fut d'organiser le grand marché européen. Ce marché commun est achevé en 1968 avec la complète disparition des barrières douanières à l'intérieur de la CEE. A ce marché vient s'ajouter l'instauration d'un FEOGA, un Fonds européen de garantie agricole dans le cadre d'une Politique Agricole Commune ( la PAC). Elle est fondée sur 3 principes: la libre circulation des produits agricoles dans la communauté; la préférence communautaire en matière de commerce agricole; la garantie des prix des produits. Ainsi les agriculteurs , à coup de subventions sont assurés de percevoir un revenu minimal.

• En 1971 éclate une grave crise monétaire provoquée par la dévaluation du dollar et le fait que le dollar ne puisse plus être converti en or. Pour y faire face, dans un premier temps, les Européens mettent en place le Serpent monétaire qui vise à réduire les fluctuations entre leurs monnaies; puis le dispositif s'avérant peu concluant la Communauté européenne créé un Système Monétaire Européen en 1979 qui permet une véritable stabilisation des taux de change et y ajoute une unité monétaire européenne: l'Ecu.

• Les marchandises et les capitaux circulent donc librement à l'intérieur de la Communauté mais pas encore les hommes. Jacques Delors, est alors Président de la Commission et conduit la signature de l'Acte Unique Européen en février 1986. C'est à dire qu'un " marché unique européen" doit être constitué à la date du 1 janvier 1993 . D'autre part dès 1987, le programme Erasmus favorise la circulation des étudiants des pays membres.

2.2: Un élargissement progressif
Deux phases importantes peuvent être distinguées dans cet élargissement progressif: l'Europe à 9 avec l'adhésion du Royaume-Uni puis l'Europe à 12 qui marque l'ouverture de l'Europe au sud.

• Le Royaume-Uni restait attaché au Commonwealth et s'opposait à la construction européenne. En réponse à l'Europe, en 1959 le Royaume-Uni avait pris l'initiative de créer l'AELE (Association européenne de Libre-Echange) dans laquelle le Royaume-Uni avait attiré le Danemark, la Suède, la Norvège, le Portugal, la Suisse et l'Autriche. Mais revirement d'attitude en 1961: le Royaume-Uni demande à entrer dans la CEE car il admet le succès de cette nouvelle Europe et ne veut pas en être tenu à l'écart. C'est le Général de Gaulle qui repousse le Royaume-Uni. Avec l'arrivée à la présidence française de Georges Pompidou, la situation se débloque et le 1er janvier 1973, le Royaume-Uni accompagné de l'Irlande et du Danemark entrent dans la CEE. Nous sommes passés à l'Europe des 9.

• Le processus du deuxième élargissement s'engage au milieu des années 1970 à la suite du retour à la démocratie de 3 pays méditerranéens candidats: en Grèce, la chute du régime des colonels, en 1974; au Portugal " la révolution des oeillets" en 74 aussi; en Espagne la mort du Général Franco en 1975. La Grèce entre dans la CEE en 1981 et l'Espagne et le Portugal en 1986. Pour la première fois la CEE va devoir se poser deux questions qui sont à nouveau d'actualité avec l'élargissement actuel à l'Est: l'Europe agrandie ne perd -elle pas son identité? l'ouverture à des pays n'ayant pas le même niveau de développement ne risque t-il pas d'accroitre les disparités économiques et de menacer les emplois?

Quel est le bilan de la construction européenne en 1989?

Il y a tout d'abord des atouts à cette construction:

• La paix tout d'abord! après des siècles de guerres , l'Europe est enfin une Europe de paix , même assez emblématique dans un monde qui globalement souffre sur tous les autres continents. Par ses valeurs démocratiques, elle est un modèle et d'ailleurs elle intervient partout dans le monde en faveur du respect des droits de l'homme.

• La CEE est une réussite économique: la CEE est devenue une puissance économique mondiale. La suppressions des barrières douanières a encouragé l'essor des échanges entre les partenaires européens. La PAC a stimulé les productions agricoles et à protéger les agriculteurs. La coopération technologique n'a cessé de croître et a débouché sur des réussites spectaculaires en matière aéronautique ( Concorde) et aérospatiale ( Ariane). La CEE représente en 1989, 15% du commerce mondial et 30% de la production industrielle.

• L'Europe se préoccupe des problèmes sociaux: elle vient en aide aux catégories sociales défavorisées et aux régions défavorisées avec le FEDER ( Fonds européen de développement régional) qui finance les entreprises et les infrastructures des régions en difficulté. En 1989 elle se dote d'une Charte européenne des droits sociaux. Elle participe au développement dans le monde en signant des accords de coopération à Yaoundé en 1963, à Lomé en 1975, 1979, 1984 avec les pays ACP ( Afrique, Caraïbes, Pacifique). Elle leur garantit des conditions commerciales préférentielles, une aide alimentaire et une assistance technique et financière.


Mais le modèle européen montre déjà ses limites:

Le poids des dépenses agricoles fait l'objet de critiques en particulier du Royaume-Uni qui reçoit peu d'aides car ayant une agriculture peu développée, et achetant beaucoup aux autres pays. L'instauration du marché commun stimule la concurrence économique mais provoque des frictions entre l'Italie et la France, tous deux producteurs de vins ou entre la France et les pays du Sud pour les fruits et légumes.

Les préoccupations nationales dominent: les Etats ne sont guère disposés à admettre des mesures qui feraient de la communauté une organisation supranationale. La crise pétrolière puis économique est venue susciter des politiques économiques divergentes. Pendant que Margaret Thatcher privatise à partir de 1979, François Mitterrand nationalise. L'absence d'une politique commune de défense est aussi un facteur de division surtout que seuls la France et le Royaume-Uni disposent de l'arme nucléaire.

Le couple franco-allemand est basé sur des rapports de force. A l'époque du Général de Gaulle la France paraît dominer la CEE obligeant notamment au vote à l'unanimité ou refusant le Royaume-Uni. A partir de 1970 c'est la RFA qui prend le relais car c'est le pays économiquement le plus puissant de la CEE. La chute du mur de Berlin et la réunification allemande vont renforcer cette tendance.


2- Les démocraties populaires

L'EUROPE DE L'EST DE 1946 A NOS JOURS
Dans les années qui suivent la seconde guerre mondiale, le modèle soviétique s'étend en Europe puisque 8 états d'Europe centrale et orientale deviennent des démocraties populaires. Elles ont donc adopté un régime de parti unique et économiquement cela implique qu'elles ont collectivisé les moyens de production et adopté une planification autoritaire. Sur le plan militaire cela veut dire l'adhésion au Pacte de Varsovie. Ce bloc qui parait si solide connaîtra la rupture de la Yougoslavie dès 1948 et les mouvements de contestation populaire sévèrement réprimés en Hongrie et en RDA porteront atteinte à leur crédibilité. Lorsque le "printemps de Prague" en 68 et la révolution en Pologne en 80 s'enchaînent , l'effondrement des démocraties populaires semblent inéluctables. La chute du mur de Berlin n'est que le symbole de cet effondrement. Ce sujet pose 3 questions: comment l'Europe de l'Est a t-elle vécu la domination de l'Union soviétique? comment expliquer l'effondrement du communisme en Europe de l'Est? comment faire vivre des démocraties fragiles et récentes tout en les intégrant à l'Union Européenne?
1/ L'Europe de l'Est devient communiste :
1.1:la mise en place de l'ordre stalinien:
Comment les soviétiques mettent-ils sous tutelle l'Europe de l'Est? n'oublions pas que les communistes bénéficient d'un grand prestige à la fin de la guerre, qu'ils proposent des réponses aux aspirations populaires.
• L'influence des partis communistes s'accroit dans tous les pays de l'Est de l'Europe car ce sont les armées de partisans qui en Yougoslavie par exemple ont libéré le territoire, donc se sont emparées du pouvoir. C'est l'Armée Rouge qui a libéré la partie orientale de l'Allemagne et qui l'occupe. est fini maintenant que les nazis ont montré l'horreur.
• C'est elle aussi qui a libéré la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie et les soviétiques soutiennent les " partis frères" . Seuls les communistes yougoslaves et albanais sont assez puissants pour gouverner seuls tandis que dans les autres pays ce sont des gouvernements de coalition, des " fronts nationaux". . Mais ils sont plutôt favorables à une " démocratie populaire" c'est à dire un régime intermédiaire entre le capitalisme occidental et le socialisme soviétique.
• Dans tous ces pays l'une des grandes inégalités reposait sur la répartition des terres. Les nouveaux gouvernements commencent par redistribuer les terres des grandes propriétés. En Bulgarie, en plus les communistes encouragent le mouvement coopératif mais les paysans ne sont guère enthousiastes.
• Les gouvernements nationalisent les grandes usines, les sources d'énergie, les transports, les banques, les commerces privés ce qui leur donne l'appui le plus large du peuple de leur pays respectif.
1.2:les caractéristiques des démocraties populaires:
Ces démocraties deviennent des régimes autoritaires dans lesquelles l'économie est planifiée et la société parfaitement encadrée.
• En juillet 1947, L'URSS contraint la Tchécoslovaquie et la Pologne à refuser l'aide Marshall, ce qui les coupe de leurs alliés occidentaux. A l'automne 1947, avec la fondation du Kominform, Jdanov somme les communistes de resserrer les rangs autour de l'URSS et de remettre en cause leur politique antérieure de respect du jeu parlementaire. Ce sont les communistes qui contrôlent l'armée, la police et la justice et qui éliminent les opposants par une épuration très dure comme en Hongrie.C'est la "tactique du salami" qui a culminé en Tchécoslovaquie avec le coup de Prague de 1948. Partout ils cherchent à sauvegarder les apparences démocratiques en remportant les élections au prix de manipulations douteuses telles que des interdictions de se présenter, des listes éliminées et de la fraude électorale.
• Les institutions sont calquées sur celles de l'URSS. Les partis communistes disposent de la totalité du pouvoir organisant des parodies d'élections avec un seul candidat autorisé à se présenter: celui du Parti . La répression touche tous ceux qui s'opposent à la ligne officielle, même parmi les membres du Parti. En Bulgarie, on enregistre 100 000 déportations en 1945-46. Le pluripartisme et la démocraties ont totalement disparu en 1960 au moyen d'une police politique pléthorique et d'une propagande omniprésente.
• Une planification inspirée de l'exemple soviétique se met en place, privilégiant l'industrie lourde au sein de grands complexes étatisés comme Nowa Huta en Pologne. L'un des buts est d'accroître le nombre des ouvriers. Sur le plan économique, la création du CAEM en 1949, a pour but d'harmoniser les plans quinquennaux des démocraties populaires avec celui de l'URSS ce qui en réalité va accroître la dépendance économique des démocraties. Par exemple à la fin des années 50, la Pologne importe la moitié de ses céréales , de ses hydrocarbures et les 3/4 de ses minerai de fer à un prix fixé par Moscou. La CAEM est surtout profitable à l'URSS.
• L'un des problèmes est que les productions agricoles sont insuffisantes et que d'une manière générale les besoins de la population sont mal évalués. Les pays arrivent très vite à une situation de pénurie car le développement des biens d'équipement se sont souvent faits au détriment des biens de consommation.
• La société est très encadrée. En effet le développement rapide de l'industrialisation favorise la promotion sociale car les paysans pauvres trouvent dans les usines ds revenus réguliers. Par l'allongement de l'enseignement ouvert à toute la société une nouvelle intelligentsia se forme , très loyale au régime. Les femmes trouvent une vraie place dans le travail et la société et tous bénéficient d'un meilleur encadrement sanitaire et d'une meilleure protection sociale.
• L'alignement forcé sur l'URSS ne se fait pas sans mal. Le 28 juin 1948, le Kominform condamne le nationalisme yougoslave. Tito, le chef yougoslave refusant de faire son autocritique, la Yougoslavie est expulsée de l'organisation et dès qu'un pays semble se détacher du modèle soviétique, il est rapidement accusé de " titisme" ou de " sionisme".
2/ LA REMISE EN CAUSE DE LA TUTELLE STALINIENNE ( 1950-60)
2.1:Une déception générale et les premières contestations:
• Les populations souffrent de pénuries et en particulier au niveau alimentaire car l'agriculture a été sacrifiée et les paysans préfèrent travailler sur leur parcelle individuelle et vendre sur des marchés parallèles. Les dépenses militaires de la guerre froide ont aggravé le poids des dépenses des Etats. Les citadins sont encore plus touchés que les ruraux. Par exemple en 1956, un ouvrier hongrois consacre les 3/4 de ses revenus à la nourriture de sa famille. De plus les logements sont insuffisants.
• L'absence de liberté et l'aggravation de la répressions renforcent l'insatisfaction générale.
• Les ouvriers sont les plus déçus avec leurs horaires démentiels, leurs heures supplémentaires imposées et non payées, leurs réductions de salaire pour gaspillage, leurs condamnation à des peines de prison pour sabotage. Malgré la répression, ils réagissent par un ralentissement des cadences. On a l'exemple de la Tchécoslovaquie en 1953, où les ouvriers des usines Skoda ont lacéré des portraits de Gottwald et de Staline. La crise en RDA fut plus terrible encore: en 1953, le gouvernement relève de 10% les normes de travail des ouvriers, c'est à dire leurs normes de production mais sans contrepartie. Des manifestations éclatent dans près de 300 villes de RDA et la répression qui s'ensuit fait une centaine de morts et le 17 juin , les chars soviétiques interviennent à Berlin.
• L'année 1956 sera décisive dans la contestation. Le rapport Krouchtchev favorise des discussions plus libres et les ouvriers vont en profiter; notamment en Pologne, les ouvriers des usines Staline de Poznan se mettent en grève en juin. Les manifestations tournent mal avec destruction de bâtiments pubics et une cinquantaine de morts du côté des ouvriers. En Hongrie, encouragés par les évènements polonais , les étudiants réclament des réformes radicales à leur tour mais là les soviétiques envoyent leurs chars ( 2000 chars) et le bilan sera lourd: des milliers de morts et de blessés, 15000 déportés, environ 200 000 exilés et le réformateur Imre Nagy chassé du gouvernement est même exécuté.
• Doc.3 p.229 : photo de la révolte de Berlin-Est du 17 juin 1953.

• - Après la mort de Staline, 1er mouvement de contestation du modèle soviétique : émeute ouvrière à Berlin-Est le 17 juin 1953, contre l’augmentation des normes de production, écrasée dans le sang par l’Armée rouge.

• Doc. 3 p.236 : discours de Gomulka du 21 octobre 1956.

• - Crise polonaise en 1956.
• Juin : émeutes ouvrières antisoviétiques (Poznan). Octobre : nouvelles émeutes ouvrières : retour de Gomulka (écarté du pouvoir sur ordre de Staline en 1948 et emprisonné en 1951) à la tête du PC polonais. « Voie polonaise vers le socialisme ». Khrouchtchev, artisan de la déstalinisation, préfère éviter l’affrontement et laisse une certaine autonomie à la Pologne, à condition que celle-ci ne remette pas en cause l’existence du bloc…

• Doc.1 p.228 : photo de la statue de Staline décapitée à Budapest en octobre 1956.

• - Insurrection hongroise d’octobre 1956,
• encouragée par les évènements polonais et la politique de déstalinisation menée par Khrouchtchev. Rakosi est remplacé par le communiste réformateur Nagy, qui annonce le pluralisme politique et le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie. Face au danger d’éclatement du bloc, intervention de l’Armée rouge (20 000 morts du côté des insurgés hongrois). Le cas hongrois montre les limites de la déstalinisation et des possibilités d’indépendance des DP.

3.2 Des volontés d’autonomie encadrées par l’URSS dans les années 1960.
Années 60 = une politique qui se fait plus hésitante, les dirigeants des démocraties populaires sont conscients que les évenements de 53 et de 56 sont une véritable alerte.

• - Mur de Berlin, 13 août 1961.
• Edification d’un mur de 46 km de long, de deux mètres d’épaisseur, de 3 à 6 mètres de haut, avec un no man’s land de 200 à 400 mètres avec miradors et barbelés ; les points de passage sont réduits à un tout petit nombre et sévèrement contrôlés. Passage d’Est en Ouest devenu impossible à supporter pour la RDA. De 1950 à 1960, plus de deux millions d’Allemands de l’Est sont passés à l’Ouest. Désaveu inacceptable du régime communiste (« ils votent avec leurs jambes »). Hémorragie terrible : les forces vives du pays partent (adultes jeunes et qualifiés, cadres et techniciens).

• - Quelques manifestations d’indépendance tolérées par Moscou en Europe de l’Est.
• Ex. hongrois : Kadar mène une politique économique originale, assez libérale et autonome (planification limitée, ouverture sur l’extérieur, plus d’initiatives aux entreprises), avec quelques assouplissements politiques (censure moindre, voyages autorisés vers les autres DP).

• - Le « Printemps de Prague », Tchécoslovaquie, 1968.
• Doc.4 p.229 : texte de Vaclav Havel.
• Janvier 1968 : prise de pouvoir des communistes réformistes (Dubcek). Evolution vers un « socialisme à visage humain » avec une série de réformes, dont certaines sont effectuées, d’autres annoncées : suppression censure, multipartisme, réhabilitation des victimes du communisme, démarcation des pouvoirs entre Etat et Parti… Enthousiasme populaire, mais grande inquiétude à Moscou et dans les DP (crainte d’une contagion). Août 1968 : intervention de l’Armée rouge, répression brutale. Démission de Dubcek. L’échec du « Printemps de Prague » illustre à la fois les limites de l’autonomie des DP et l’incapacité du système communiste à se réformer.

Les dirigeants des démocraties populaires sont conscients que les évenements de 53 et de 56 sont une véritable alerte.
(En Tchécoslovaquie les prix des produits alimentaires baissent de 10 à 40%. En RDA, un frein est mis à la collectivisation. En Pologne, Gomulka libère les prisonniers, limite les pouvoirs de la police et revient sur la collectivisation des terres. Par contre les réformes politiques semblent impossibles. Toute proposition des intellectuels de pluralisme est réprimée comme en RDA.
En RDA, en Tchécoslovaquie, les économistes commencent à parler de donner un peu plus d'autonomie aux entreprises mais c'est en Hongrie que les réformes vont le plus loin: une large autonomie est accordée aux coopératives agricoles qui font des bénéfices et les pénuries alimentaires vont cesser et même la Hongrie va exporter de la viande, des fruits et des légumes. Certains produits ont des prix libres et les industries de consommation sont développées.
Certains états savent préserver leur indépendance à l'égard de Moscou: 1° La Yougoslavie de Tito suit une voie originale avec une structure fédérale qui permet de faire cohabiter le sserbes, les croates, les biosniaques, le slovènes malgré toutes leurs différences culturelles, linguistiques et religieuses. 2° L'Albanie rompt avec l'URSS pour se rapprocher de la Chine . 3° La Roumanie refuse d'entrer dans le CAEM et Nicolae Ceausescu , est très apprécié des occidentaux mais reste un véritable despote à la mégalomanie inquiétante. )
3/ VERS L'EFFONDREMENT DES DEMOCRATIES POPULAIRES
3.1: La dissidence se renforce:
Dans les années 70 la situation économique est de plus en plus inquiétante; alors que les sociétés civiles cherchent à s'adapter à la nouvelle situation, la dissidence se renforce en particulier en Tchécoslovaquie et en Pologne.
• La crise économique des années 70 se manifeste principalement par le phénomène de l'inflation qui atteint des chiffres exorbitants de 60% par an par exemple en Yougoslavie. Les états sont de plus en plus endettés car les importations sont trop nombreuses et trop coûteuses. Elles n'empêchent cependant pas les pénuries. L'état endetté n'a plus les moyens d'entretenir ses bâtiments publics.
• Le communisme ne fait plus recette auprès des jeunes qui ne prennent leur carte au Parti que pour accéder à l'emploi. On se trouve avec des appareils dirigeants menacés de gérontocratie c'est à dire des gouvernements exercés par des vieillards.
• Les partis au pouvoir, incapables de surmonter les carences doivent bien supporter le développement des marchés parallèles, du travail au noir, et l'absentéisme dans les entreprises d'état. Ils doivent aussi s'accomoder des mouvements des jeunes qui sont à contre-courant culturellement de la ligne officielle et constater qu'il y a un renouveau de la pratique religieuse. Du moment que le pouvoir communiste n'est pas remis en cause, les gouvernements supportent, ne pouvant proposer mieux à la société civile.
• L'opposition s'organise vraiment dans certains pays commela Tchécoslovaquie. En janvier 1968, le premier secrétaire du parti communiste, Novotny, donne sa démission au profit du libéral Dubcek, qui quelques mois plus tard accepte la création d'autres partis que le parti communiste, abolit la censure de la presse et assure le droit de voyager à l'étranger. L'URSS craint la contagion en Pologne et en RDA donc le 21 août 1968, les troupes du Pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie et arrêtent Dubcek. Il sera remplacé par un libéral plus favorable à l'URSS, Husak.
• C'est en Pologne que cette opposition prend le plus d'ampleur. Cf etude de docs p.
Une brutale augmentation des prix décidée à la fin des années 70 est à l'origine des troubles violents dans les ports de la Baltique, aux chantiers navals de Gdansk.EN 1976 des évènements similaires se répètent qui permettent à l'opposition de se renforcer : ils créent un Comité de défense des ouvriers le KOR pro-occidental et antisoviétique. Surtout un ouvrier mécanicien des chantiers navals de Gdansk, Lech Walesa fonde la fédération Solidarité ( Solidarnosc) un syndicat indépendant du Parti communiste polonais. Cette opposition s'unit progressivement autour d'une Eglise catholique stimulée par l'élection de Karol Vojtyla , le cardianal polonais à la Papauté sous le nom de Jean Paul II. Le syndicat de Lech Walesa est suspendu en 1981, suite à l'état d'urgence mais il garde le soutien de l'opinion internationale et en 1988, le régime polonais doit même faire appel à Walesa pour faire cesser les grèves. En contrepartie, Solidarnosc exige des élections libres qui permettent l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement non communiste.
3.2: 1989 à 2004: De la chute du mur de Berlin à nos jours:
Il s'agit d'un abandon progressif du communisme
• Le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev est élu secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique et lance la perestroïka et la glasnost .Mais introduire de tels principes dans un système complètement figé va mettre le système en péril.
• La chute du communisme va commencer en Hongrie quand en juin-juillet 1989, les réformateurs prennent le pouvoir au sein du parti communiste. Les partis non communistes sont autorisés, des élections libres sont prévues pour 1990 et Nagy, le chef exécuté en 56 reçoit des obsèques solennelles. La Hongrie devient la République de Hongrie, ce qui écarte la référence au communisme. Un gouvernement de centre-droit libéral gagne les élections libres et il demande aussitôt son retrait du Pacte de Varsovie.
• Les Allemands de l'Est sont de plus en plus nombreux à se rendre en Hongrie puis en Autriche. La RDA ne pouvant plus compter sur l'URSS fait ouvrir le mur deBerlin le 9 novembre 1989. En février 1990, les élections libres repoussent le Parti Communiste à moins de 20% et la réunification de l'Allemagne se fait dans l'enthousiasme le 3 octobre 1990.
• En 1990 tout s'enchaîne: l'opposition s'empare du gouvernement en Bulgarie; en Tchécoslovaquie des manifestations portent Vaclav Havel , prix nobel de la paix à la présidence de la République; en Roumanie, le régime dictatorial de Ceaucescu s'effondre en décembre 89 et le dictateur est exécuté. Finalement le 1 juillet 1991 , le Pacte de Varsovie disparaît.
La chute des régimes communistes ouvre l'ère de transition. Politiquement cela implique le passage à un régime démocratique avec élections libres, pluripartisme, liberté d'opinion, d'association et de religion. Sur le plan économique , ce sera le passage à une économie de marché.
• Le problème est que les traditions politiques n'existent pas dans ces pays donc ce sont souvent les anciens dirigeants des partis communistes qui prennent le pouvoir.
• Le passage brutal à l'économie de marché accentue les difficultés sociales et les électeurs se découragent très vite. le meilleur exemple est la défaite présidentielle de Lech Walesa en novembre 95 face à l'ancien communiste Alexandre Kwasniewski. De plus en plus c'est le groupe des abstentionnistes qui l'emportedans les élections car la corruption décourage les citoyens face aux hommes politiques.
• L'effondrement du communisme libère aussi les sentiments nationalistes. C'est ainsi qu'en 1992, les Tchèques et les Slovaques se séparent. Puis c'est l'explosion de la Yougoslavie avec cette guerre meurtrière qui donne naissance à 6 républiques: Croatie, Slovénie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, la Serbie et le Monténégro.
• L'économie de marché a privatisé les industries, a libéré les prix et les échanges , a fait fermer les usines anciennes , dangereuses et polluantes. Le résultat est la crise et le chômage, la baisse du pouvoir d'achat,et l'apparition de " nouveaux riches" souvent anciens cadres du parti. Les maux de société deviennent graves et ne sont plus maîtrisés par l'encadrement policier: la drogue, la criminalité, le proxénétisme. La seule issue que ces pays semblent avoir trouvé est leur adhésion à l'Union Européenne.

Ces dictatures ont provoqué des violations systématiques des droits de l'homme. Plusieurs états ont été le terrain d'affrontement des blocs. Mais des luttes frontalières ou des affrontements ethniques ou religieux ont pu aussi dégénérer en conflit, voire en guerre civile.

• Conclusion.
• - Effondrement rapide et brutal des DP en 1989.
• Doc.6 p.233 : carte de la fin des DP.
• La fin des DP a pris « 10 ans » (Pologne, 1980-89), « 10 mois » (Hongrie, 1988-89), « 10 semaines » (RDA, octobre-novembre 1989), « 10 jours » (Tchécoslovaquie et Bulgarie, novembre 1989, Roumanie, décembre 1989). Onde de choc de la chute du Mur.
• - Causes internes : mouvements dissidents, société civile opposée au communisme soviétique de plus en plus influente, critique de plus en plus vive de la dictature, crise éco…
• - Doc.4 p.233 : dessin du brise-glace Perestroïka du 19 décembre 1989.
• Causes externes : les réformes de Gorbatchev ont ouvert la voie à la chute des DP. Déstabilisation des PC d’Europe de l’Est. Espoir nouveau chez les dissidents.
• - Effondrement du camp socialiste et éclatement du bloc entre 1989 et 1991. Nouveaux enjeux pour l’Europe de l’Est, et pour l’Europe en général. Réunification allemande en 1990. Evolution vers le libéralisme et le capitalisme. Tentation de l’UE…



3: LES ENJEUX EUROPEENS DEPUIS 1989:
3.1: Une nouvelle Europe sort de la guerre froide:

Assez paradoxalement la fin de la guerre froide fut une source d'espoirs pour l'Europe mais aussi une nouvelle source d'instabilité. A l'automne 1989, les démocraties populaires retrouvent leur liberté puisque le rideau de fer est démantelé. La chute du mur de Berlin a entraîné la réunification des deux Allemagnes en 1990 . L'URSS retire ses troupes des pays anciens satellites et en 1991 le Pacte de Varsovie et le CAEM sont dissous.

• La construction européenne se trouve alors face à l'enjeu décisif de son histoire: exister de l'Atlantique à l'Oural; reconstituer son unité géographique et historique ; exister à l'échelle de tout un continent. Il va donc falloir élargir à l'Est: entre 1989 et 2002 le Conseil de l'Europe va permettre à l'Union Européenne de passer de 15 pays à 25. L'OTAN en 1994 va proposer à ses anciens adversaires du Pacte de Varsovie, un "partenariat pour la paix".
• Par contre de nouveaux foyers d'insécurité se développent. L'Europe n'échappe pas au phénomène mondial de résurgence des identités, à l'affirmation du nationalisme , à la montée des mouvements d'extrême-droite. Les conflits menacent. L'éclatement du bloc soviétique a provoqué la création de 17 nouveaux états européens ( en comptant la Russie et les 3 états caucasiens) et les minorités comme les Hongrois qui vivent en Roumanie et en Slovaquie réclament la reconnaissance de leurs droits.
• La guerre réapparaît en 1991 en Europe: en ex- Yougoslavie; en Croatie, en Bosnie; au Kosovo en 99. La région du Caucase considérée comme européenne, mêle des peuples aux identités variées qui cohabitent sur des territoires aux frontières imprécises: l'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent le territoire du Haut-Karabakh; les minorités se rebellent en Géorgie; la Tchétchénie réclame son indépendance à la Russie.

3.2: Le drame yougoslave:
Yougoslavie veut dire " slaves du sud" et l'état créé en 1918 avait ce sens et cet objectif. Il faut comprendre aussi que cet état multiethnique n'était possible que du temps du régime original communiste mais non aligné de Tito. A sa mort en 1980 et avec la chute du communisme, le ciment n'existe plus.

• Slobodan Milosevic, président de la Serbie, supprime en 1989 l'autonomie dont jouissaient les Albanais au Kosovo, provoquant de graves émeutes.
• En 1991, la Croatie et la Slovénie proclame leur indépendance et la Serbie déclenche la guerre, sous prétexte de protéger les serbes de Croatie.
• En 1992, la Bosnie-Herzégovine proclame à son tour l'indépendance et la guerre s'étend à elle . L'Europe connaît à nouveau les horreurs des bombardements de populations civiles comme à Dubrovnik ou à Sarajevo; les camps de concentration et la purification ethnique.

Il faut admettre que la communauté internationale ne semble pas réagir et que la communauté européenne est incapable d'empêcher cette barbarie, puisqu'elle n'a pas de diplomatie commune. C'est l'OTAN qui agira.

• L'Allemagne reconnaît la Slovénie et la Croatie pendant que la France soutient la Serbie, par tradition historique. Le manque de cohésion est évident….
• En 1992, l'ONU qui envoie ses casques bleus est tout aussi incapable d'empêcher les massacres. Finalement l'OTAN en 1994 intervient en Bosnie et les Etats-Unis imposent les accords de Dayton en 95 qui créent deux entités au sein de la Bosnie: la république serbe de Bosnie et la Fédération croato-musulmane.
• En 1997 la guerre reprend au Kosovo avec la population albanaise qui lutte contre l'armée serbe. Nouvel échec de la diplomatie européenne et nouvelle intervention de l'OTAN sans autorisation de l'ONU en 99. La Serbie est bombardée et doit céder; le Kosovo est placé sous administration de l'ONU.

Depuis le Tribunal Pénal International de la Haye juge les responsables croates et serbes comme Milosevic pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité mais les troupes de l'OTAN et de l'ONU sont toujours présentes pour empêcher les tensions sur place.

3.3: Les défis actuels de l'Europe élargie
Tout le problème est de savoir si l'Europe est capable de continuer à s'élargir tout en conservant ses institutions et jusqu'où doit elle mener cet élargissement?

• Les institutions européennes dès la création de la CEE ont souvent fait l'objet de débat et de critiques car elles sont très compliquées et ne semblent plus adaptées à des membres de plus en plus nombreux. La place laissée aux règles supranationales n'est pas assez grande , ce qui paralyse le fonctionnement des institutions mais l'attachement de nombreux pays à leur souveraineté nationale reste grand et les nouveaux pays de l'Est, venant juste de se libérer de la tutelle soviétique y sont très attachés aussi.
• Le pas décisif dans l'unité de la grande Europe a été franchi en 1992 avec le Traité de Maastricht qui créé l'Union Européenne, et aboutit à la création de l'Euro la monnaie unique. Le processus est renforcé par divers traités comme celui d'Amsterdam en 1999 et de Nice en 2001.
• L'élargissement est soumis à certains critères définis par le sommet de Copenhague en 93 ce qui permettra de différer l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à 2007 et de mettre toujours en discussion celle de la Turquie.

En conclusion même si l'Europe a 27 états en 2007 et 500 millions d'habitants, c'est une puissance économique représentée à l'OMC mais ce n'est pas une superpuissance. Ce n'est qu'une simple organisation de coopération régionale. De nombreux états restent en dehors de l'espace Schengen ou de la zone euro. Selon le développement des états, l'Europe est une Europe à la carte ou à plusieurs vitesses. IL n'y a pas de diplomatie commune; pas de défense commune et les populations , comme l'ont montré les votes sur la Constitution européenne ne sont pas prêtes à un super- état.

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