Intro : évolution de la connotation de « Tiers Monde », vient de Tiers Etat, celui qui pendant la Révolution Française veut tout et prend tout volonté d’un monde nouveau, aujourd’hui largement associé à l’idée de pauvreté, le monde qui a échoué à devenir tout, qui est au contraire délaissé : cela traduit l’échec d’une idée
I- Les indépendances
A- La nouvelle donne coloniale après 45
Les 2 guerres mondiales affaiblissent les puissances coloniales et donnent des arguments aux mouvements de contestation naissants. Dès lors, faut-il maintenir l’ordre colonial, l’adapter, y renoncer ?
- 1°GM affaiblit les puissances coloniales et ternit leur image de civi supérieure. Lénine dénonce l’impérialisme colonial et le président des EU Wilson pose comme principe le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En Inde, le Parti du Congrès est fondé en 1885 et réclame désormais l’indépendance totale.Après 1°GM, figure de Ghandi qui théorise la désobéissance civile et la non-violence.
La 1°GM (comme la 2°) = apprentissage de la solidarité ouvrière, mise en contact de pop indigènes avec des théories nouvelles comme le socialisme.
Messali Hadj en Algérie fonde « L’Etoile Nord Africaine » en 1926, 1° mouvement indépendantiste imprégné de communisme. Change plusieurs fois de nom, signe qu’est souvent interdit puis reconstitué : PPA, MTLD
La plupart des élites ne préconisent pas l’indépendance. Réclament une égalité des droits. Exemple : Ferrat Abbas en Algérie : croyance dans la France idéale et républicaine qu’il oppose à la France coloniale (sera ensuite un grand déçu de la politique française et basculera dans la radicalité).
Les puissances coloniales alternent entre répression et volonté de réforme dissolution des partis, emprisonnement des leaders comme Hadj., le sultan est déposé au Maroc (Mohamed V)
- Mais des tentatives de réformes : Indian Act en 1935 accorde une certaine autonomie. 1936 un projet assez timide pour l’Algérie mais qui n’est pas adopté.
- la 2°GM remet encore davantage en cause les empires coloniaux : 3 empires = France, P.BAS, Belgique, sont vaincus. Les puissances coloniales ont perdu de leur prestige + cf infra ne dominant plus le monde. Les tentatives de réformes se font donc plus importantes : GB= le Commonwealth, grande autonomie donnée aux colonies de peuplement. Sera une porte de sortie honorable = après indépendance, adhésion au Commonwealth
France = une politique ambiguë = la Constitution de 46 inaugure l’Union Fr = égalité des droits et devoirs de l’ensemble des citoyens de l’union, mais pas une libre association. A la demande de leurs élus, c’est le moment où Guadeloupe, martinique, Réunion, Guyane deviennent départements fr (les + anciennes colonies fr), concrètement mise en place d’assemblées territoriales.
statut de l’Algérie spécial : 65 000 = droit de vote aux élections nationales / 1947, dans le cadre de la constitution, une assemblée territoriale où 2 collèges (élisent chacun 60 députés). Inégalités fortes + élections truquées = n’a jamais fonctionné., trop tard.
/ diverses autonomies / loi Deferre 56 = suffrage universel et compétences élargies pour des assemblées locales. Concerne l’Afrique noire. En fait, c’est une préparation à l’indépendance = 1960.
- En Asie, le Japon a discrédité les puissances coloniales et a réveillé (malgré lui) les nationalismes cf Ho Chi Minh
- combat des Alliés au nom de valeurs démocratiques et liberté des peuples : Charte des Nations Unies pose principe du droit de regard de la communauté internationale sur l’administration des colonies, et à terme pose la question de leur indépendance.
- 2 grands sur la scène inter, les 2 sont a priori anti-colonialistes.
B- La décolonisation
Pour présenter la décolonisation, on peut le faire selon violent/non-violent, ou encore selon les Empires coloniaux, les anglais ayant décolonisé plus tôt.et + progressivement Mais le + pratique par espace colonial = Asie puis Afrique
De nouvelles conditions créées par la guerre : le processus de décolonisation se déroule de 1945 à 1960, un peu avant un peu après : carte 4 p.139
A- L’émancipation de l’Asie
- indépendances au Moyen-Orient (colonisation + lâche) dès 45.
- indépendance de l’Inde = débat sur la partition : doc. 1 p.136. Emblématique problèmes de décolonisation = quels Etats ? Cf infra sur l’Afrique
Cf carte p. 138 1. Des déplacements de pop très importants, des massacres, Etc.
- Indochine : soutien des EU à la France car risque extension du communisme.
France ne veut rien lâcher, au contraire de la GB, sans doute car traumatisme de la défaite. Dès juillet 45, Leclerc envoyé en Asie pour reconquérir Indochine sur le Japon aux côtés des Alliés. Leclerc reconquiert d’abord le Sud = Cochinchine, mais au Nord, des positions viet minh très fortes déjà = Leclerc négocie avec le Viet Minh. Guerre de 1945 à 1954, défaite française.
Guerre des P Bas en Indonésie où Sokarno mène son pays à l’indépendance
B- L’émancipation de l’Afrique
1) Le Maghreb : Maroc et Tunisie avec des difficultés nombreuses
Dans les 2 cas, des protectorats, la France tergiverse (hésite)
Maroc = combat mené par le sultan (mohamed ben youssef qui devient mohamed V)
Tunisie = bourguiba
Après, volonté d’indépendance de l’Algérie
La Guerre d’indépendance de l’Algérie : emblématique d’une guerre coloniale
- pas d’élites locales :mouvement indépendantiste est radical,violent et prolétarien, d’où aussi proximité idéologique avec le socialisme :soutien de l’URSS, mais EU plutôt eux aussi favorables au FLN, France isolée sur la scène internationale.
- La France de son côté adopte une attitude intransigeante car pression des colons.
- Explique, après la guerre, le poids de l’armée : pouvoir militaire : Ben Bella, Boumédienne. Aujourd’hui encore, FLN parti quasi unique.
- Des mémoires douloureuses : algériens, pieds noirs, harkis. La torture
PROJECTION DE TRANSPARENTS:
- femmes françaises et algériennes : illustre jusqu’à la caricature la distance qui sépare les habitants. Cf faible nb de mariages mixtes. Maisons = europ. On a l’impression que les étrangers = les Algériennes, des étrangers chez eux. Les colons = des urbains travaillant dans le 3aire, pas forcément possesseurs de terres, classe moyenne. Ces algériennes = symboliques d’une forme de clochardisation de la société algérienne : prolétariat rural / émigration vers la ville ( à Alger dans la casbah)
- Tract sur l’arrestation des responsables FLN (diapo) : « regardez-les, ils sont en prison et ils sont menottés » (en bas : de gauche à droite : Boudiaf, Aït Ahmed, Khider, Ben Bella, 1° président en 62 où sera libéré).
Le FLN = l’organisation qui lance en nov 54 attaque contre diverses cibles, marqués par défaite fr de Dien Bien Phu en Indochine. + Maroc et Tunisie en train d’acquérir leur indépendance.
France arrête beaucoup de personnes, aucun sentiment d’une entrée en G.
Ici, pas de Messali Hadj or fondateur du MTLD ? En fait désaccord avec la lutte armée (est en résidence surveillée à Niort) : fonde le MNA, terrible lutte avec le FLN qui pratique des massacres (300 morts dans le massacre d’un village = Mélouza en 57).
- branche armée = ALN intérêt = montre que l’ALN est à la fois une vraie armée et un maquis : ici en 62, une véritable armée,se note par exemple dans l’uniforme homogène. en 54 = des maquisards. Maroc et Tunisie = des bases arrières importantes. Armement grâce au soutien de certains pays = Yougo/ Bulgarie/Tchéco. + population = levée, au besoin par la force, d’une « cotisation révolutionnaire » Poste de commandement = visiblement une maison forestière mais se déplace souvent. Algérie divisée en 6 wilayas
- les « appelés » : -décrire le lieu : il peut s’agir de n’importe quel bâtiment désaffecté, maison forestière
3 catégories d’objets = milit, utilitaires, personnels. Atmosphère d’ennui. Les appelés = souvent des tâches quotidiennes + le « ratissage »= encercler un territoire et l’explorer méthodiquement pour y débusquer l’ennemi
Env 1,7 millions de jeunes sont allés faire la guerre en Algérie = marque toute une génération. Dans le cadre du service militaire + les « rappelés » = prolongation de 6 mois du service. (pas de mobilisation générale). Certains jusqu’à 36 mois en Algérie. L’unité militaire de base = la section = maxi 30 personnes.
- militaires en opération : majeure partie des affrontements a lieu à campagne. Hélicoptères pour être + mobiles et intervenir dans des reliefs difficiles/ petite unité = répondre aux actions de guérillas = déposer un commando au cœur du dispositif ennemi. Cf aussi tenue de camouflage. 1 soldat qui porte une radio = en lien avec d’autres unités
Dans la Guerre d’Algérie et dans les guerres coloniales en général, peu d’affrontements massifs.
- transparent « plan de Constantine » = plan voulu par De Gaulle en oct 58 et qui reprend l’idée qu’il faut le dév éco et soc pour maintenir l’Algérie FR (erreur profonde des dirigeants fr de l’époque = croire que le dév permettrait de faire oublier les questions d’identité, la misère est le terreau du nationalisme, en fait le nationalisme est beaucoup plus ancré qu’ils ne le croient dans la pop algérienne)
- douar rasé par l’armée fr : déplacement autoritaire de populations pour couper les pop des maquis du FLN : maisons détruites pour qu’elles ne puissent plus servir.. A la fin du conflit, près d’un quart des algériens sont dans un village de regroupement
- Barricades à Alger, 1960 : la pression des fr d’Algérie. C’est après une journée comme celle-là qu’a été appelé au pouvoir le général DG en mai 58. Mais DG a évolué sur la question = en septembre 1959, a évoqué l’autodétermination comme moyen de sortir de la crise (+ Massu rappelé à Paris car( prise de distance avec la politique gvmt)
Comment décrire le décor ? éléments constitutifs d’une ville européenne : la grande avenue, archi, lampadaires, arbres taillés, magasin Rodrigue) + la tradition mét(ropolitaine de l’érection de barricades, on a enlevé les pavés de la rue.
Parmi la foule, 2 types de personnes = bérets noirs = les unités territoriales, des unités pour assurer l’auto défense des quartiers europ. 1° soir = 20 morts.
En 61, un putsch des généraux pour garder l’Algérie fr mais qui échoue.
- manifestation du 17 octobre 1961 à Paris : la Guerre d’Algérie a des excroissances en France, force du FLN chez les algériens de France. Soir du 17 oct = 20 000 manifestants contre le couvre feu qui leur est imposé. Une répression démesurée, cf 11 000 arrestations = ici les personnes arrêtés sont menées dans un stade parisien (3). Etat d’esprit de la police travaillée par l’extrême droite qui profite de l’exaspération des policiers face aux attentats dont sont victimes de la part de groupes du FLN, raison du couvre feu. Préfet M. Papon. Manif manière de braver ses ordres. Exaspération aussi des algériens en France notamment de l’Est parisien = du bidonville de Nanterre, dénoncent une chasse à l’Arabe , contrôles, …etc. NB = nb de gens d’origine algérienne retrouvés tués avant le 17 oct = nbx car attentats du FLN contre des « messalistes » + bavures policières du contre terrorisme ?
. Des dizaines de morts, parfois jetés à la Seine
- Transparent : la foule fêtant l’indépendance : dès 59, DG convaincu qu’il faut aller vers indépendance mais négo achoppent sur la question du Sahara que les fr veulent garder cf ressources : un référendum est organisé en France en 1961 = principe de l’autodétermination accepté, négo à Evian en mars 62, , référendum le 1° juillet 62 en Algérie, 99,7% de oui. Une photo qui nous montre un homme (majo d’hommes) portant une petite fille = l’avenir, dans un quartier européen = poste. Drapeau algérien apparu en 45 à Sétif= un jeune scout musulman le porte = tué, ce qui déclenche les affrontements. Vert + étoile + croissant = Islam, blanc = pureté, rouge symbo de la lutte, le sang des martyrs.
- un magasin musulman détruit par l’OAS : début 62 dramatique = attentats de l’OAS en métropole comme en Algérie, contre 2 types de personnes = les pieds noirs qui quittent l’Algérie, accusés d’abandonner le combat + politique de « terre brûlée » = rendre l’Algérie dans l’état de 1830,
- image des rapatriés = un organisme chargé d’aiguiller ces personnes dans ce qui sera leur nouvelle vie dans une métropole qu’ils ne connaissent pas. Mais quittent massivement l’Algérie (« la valise ou le cercueil »). Pieds Noirs = bottes des conquérants fr en 1830 ? Pieds des vignerons foulant le vin ?
2) L’Afrique Noire : le pb des frontières : doc 4 p.57
Globalement, la déco est pacifique. Cf en France la loi Deferre 56 = 1° pas d’une transition vers l’indépendance. En 58 DG accélère les choses avec la création de la Communauté française = chaque territoire doit se prononcer sur son adhésion ou pas, seule la guinée refuse et accède tout de suite à l’indépendance. Des violences cependant à Madagascar Mais :
- des violences not dans les colonies GB d’Afr de l’Est et du Sud où les colons blancs ne veulent pas perdre leurs privilèges. Kenya car une tribu veut récupérer ses terres.. L’indépendance n’est donc pas toujours syno de souveraineté pour les noirs cf rhodésie du sud = les colons gouvernent (indépendance en 65, puis égalité noirs blancs en 80, avec une dictature noire = mugabé, à la tête de l’état rebaptisé zimbabwé). Modèle de l’afrique du sud
On peut aussi parler de décolonisation au sens de fin de l’ordre colonial en afrique du sud à partir de 90 = libération de mandela, qui devient président en 94 ( + jusqu’en 90, l’afrique du sud contrôlait la namibie qui devient alors indép)
- Au Congo, retrait des belges dans la précipitation en 1960 (laz Belgique y menait une politique paternaliste, + beaucoup d’enjeux en termes de ressources: guerre civile. Lumumba, idéologie panafr et socialisante, assassiné. Mobutu en 65. Des violences inter ethniques
- Colonies portugaises n’accèdent à l’indépendance qu’en 1975, = plusieurs années de violences mais la dictature portugaise s’accroche, cette dictature est renversée pour cette raison par l’armée en 75.
-
- Léopold Sédar SENGHOR, écrivain sénégalais, chantre de la négritude qui cherche à redonner aux
- Noirs la fierté d’eux-mêmes : « Le Bon Nègre est mort ; les paternalistes doivent en faire leur
- deuil ». Senghor retourne contre les Français les valeurs d’égalité et de liberté, dénonce le
- racisme colonial et réclame des actes plutôt que de « bonnes paroles ».
Bilan : La décolonisation s’est donc opérée en vagues successives :
– la 1re entre 45 et 55 touche essentiellement l’Asie et notamment l’empire des Indes, (asie en 1° car japon a développé une forte propagande contre les colonisateurs)
– la 2nde entre 55 et 70 touche la plupart des pays africains,
– enfin, reste une dernière vague de décolonisations tardives concernant des territoires de l’Afrique
australe, la Papouasie, le Surinam…
L’éclatement de l’URSS peut être vue elle aussi comme un moment de décolonisation, puisqu'on a pu qualifier l'URSS de « prison des peuples »
Avec la démission de Gorbatchev, président de l’URSS, le 25 décembre 1991 disparaît l’URSS. Des
décombres de l’empire soviétique naissent de nombreux Etats en Europe orientale : Pays
Baltes, Ukraine, Biélorussie, Moldavie ; dans le Caucase : Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie ; et en
Asie centrale : Kazakhstan, Ouzbékistan… A bien des égards, il s’agit là de la dernière vague de
décolonisation, passée inaperçue face à l’enjeu géopolitique considérable que constituait la disparition
de l’URSS. C’est en bonne partie de l’incapacité à gérer ses nationalités qu’est morte l’URSS.
La composition : exemple de sujet
« Emancipation des peuples colonisés, 1945-années 1960 ».
Exemple de sujet " L'émancipation des peuples dépendants depuis 1945 ". Le candidat présente les grandes phases chronologiques en s'appuyant, tant pour l'Asie que pour l'Afrique, sur des exemples significatifs de son choix. -Comment aborder le sujet -La problématique -Construction du plan
Comment aborder le sujet ?
La décolonisation a marqué l'histoire du monde contemporain des années 1940 aux années 1970, c'est un fait bien connu. L'intérêt d'une dissertation d'histoire, ce n'est pas d'aligner des événements, mais d'expliquer pourquoi ces événements ont eu lieu et comment ils se sont déroulées. Dans le cadre de ce sujet sur l'émancipation des peuples dépendants, il ne faut donc pas se contenter de raconter que l'Inde est devenue indépendante en 1947 et l'Algérie en 1962, etc. Il faut revenir aux causes du phénomène et à la manière dont il s'est déroulé. C'est la formulation de ces questions qu'on appelle problématique, et qui doit figurer en introduction, juste après avoir repris le sujet et avoir justifié les limites chronologiques.
La problématique :
La problématique, c'est donc un ensemble de questions (2 ou 3) qui se posent quand on aborde un sujet. Pour trouver une problématique, il n'existe pas de " recette miracle ", il suffit d'examiner attentivement les termes du sujet : ici, le terme qui fait problème (précisément), c'est la notion d'émancipation. Le mot " émancipation " décrit un processus : le passage d'un état de dépendance à un état d'autonomie, voire d'indépendance. Mais ce processus peut prendre des formes extrêmement diverses, d'où un début de problématique : tous les peuples se sont-ils affranchis de la tutelle coloniale de la même façon ? La réponse est non, ce qui doit amener le candidat à se demander pourquoi. D'où la suite de la problématique : comment expliquer que la décolonisation ait pris des formes différentes, tantôt pacifiques, tantôt guerrières ? C'est là qu'il faut se rappeler que la décolonisation concerne toujours deux acteurs : d'un côté les empires coloniaux et de l'autre les peuples indigènes. Pour comprendre les formes prises par l'émancipation, il faut donc s'interroger sur le rôle respectif de ces deux acteurs (la politique menée par les Etats coloniaux et puis les forces en présence - pacifiques ou terroristes - à l'intérieur des colonies).
Cela dit, on peut aller plus loin, toujours en partant des termes de l'énoncé : l'énoncé dit " émancipation des peuples dépendants ", il ne dit pas décolonisation. Il faut donc se demander quelle est la différence entre les deux termes. Un sujet sur la décolonisation s'arrêterait à la création des nouveaux Etats indépendants. Ce sujet dépasse ce cadre strictement institutionnel : il conduit à se demander si la décolonisation s'est automatiquement accompagné d'une émancipation des peuples, c'est-à-dire d'une conquête des libertés.
En somme, pour résumer, un sujet d'histoire de ce type (c'est-à-dire qui traite d'un phénomène historique assez large qui s'étend sur une assez longue durée) doit s'aborder en deux temps : d'abord il faut se demander comment ce processus se manifeste (émancipation, certes, mais quel type d'émancipation).. Construction du plan :
En histoire, pour un sujet du type " de 1945 à nos jours ", il faut choisir un plan chronologique en deux ou trois parties en commençant, cela doit être un réflexe, par s'interroger sur les limites chronologiques proposées. En histoire, les dates ont un sens, certaines sont des dates charnières. C'est le cas de 1945 pour ce sujet. Il convient donc d'expliquer pourquoi 1945 est un tournant dans l'histoire des empires coloniaux.
C'est pourquoi on peut consacrer une première partie aux causes de la décolonisation, en se demandant pourquoi cette décolonisation a eu lieu.
A cette première partie " pourquoi " peut succéder une deuxième partie " comment ", consacrée aux différentes étapes, en insistant sur deux phénomènes : 1/ le décalage dans le temps entre l'émancipation des peuples asiatiques et celle des peuples africains (là-encore, sans oublier de se demander pourquoi les uns ont été plus précoces que les autres), et 2/ les différentes formes prises par l'émancipation
Dans un troisième temps, une fois les indépendances obtenues, on pourrait s'interroger sur le devenir des peuples dépendants. Une fois la décolonisation obtenue, que s'est-il passé ? C'est là qu'est le petit piège du sujet : l'énoncé parle d'émancipation et non de décolonisation. Dans l'idée d'émancipation, il y a, de façon sous-jacente, l'idée de liberté. D'où peut-être une question, qui doit guider cette partie : la décolonisation s'est-elle accompagnée d'une véritable émancipation ? On peut montrer ici que la décolonisation s'est souvent traduite par la mise en place de régimes autoritaires dans les nouveaux Etats, et qu'après l'émancipation face aux empires coloniaux, les " peuples dépendants " sont engagés dans une nouvelle forme de lutte émancipatrice : le difficile combat pour les libertés, pour la démocratie et pour les droits de l'homme..
Sujet approchant = « L’émancipation des colonies : origines, modalités, nouveaux défis » : le plan est donné.
Acteurs et modalités de la décolonisation en Afrique et en Asie
France et GB face à la décolonisation
II- Le Tiers Monde :espoirs et échecs
Mot aujourd’hui plutôt péjoratif, et qui ne s’emploie plus beaucoup car sens de 3° monde, sous entendu en dehors des 2 1° = bloc soviétique / bloc occidental. Ce terme montre la volonté des pays décolonisés de s’affirmer sur la scène internationale et en revendiquant une économie organisée différemment Expression inventée dans les années 50 par un économiste français en référence au « Tiers Etat » qui conduit la Révolution de 1789 (cf Siéyes : Qu’est-ce que le tiers état ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? A devenir quelque chose
.Donc question = ces objectifs sont-ils atteints
Mais le fait qu’aujourd’hui ce terme soit péjoratif et renvoie surtout à la pauvreté montre que ces espoirs ont été déçus, pas de constitution d’un monde homogène, indépendant des blocs et capable d’imposer une nouvelle donne économique
A- Bandoung et le mouvement des « non-alignés »
Les nouveaux Etats ont des difficultés qu’on a déjà décrites, notamment sur la question des frontières (Cachemire). Globalement, très peu parviennent à instaurer des démocraties, cf tentatives dans l’ex Congo belge ; Lumumba. La violence s’institutionnalise, notamment en Afrique (conflits ethniques au Biafra, religieux au Soudan
Des difficultés qui favorisent aussi une volonté de s’unir
- conférence de Bandoung = doc. 4 p. 151 : quels sont les participants = Etats issus de la déco essentiellement. Cf Etats associés = en fait des délégations des mouvements indépendantistes.
Pour reprendre la métaphore révolutionnaire, c’est un peu la « Convention » des décolonisés, affirmation d’une solidarité des pays nouvellement indépendants et soutien aux pays en voie d’être décolonisés. Tiers mondisme
A ne pas confondre avec le mouvement qui nait ensuite même s’il est dans le sillage de ce mouvement = le non-alignement, ie indépendance vis à vis des blocs.
- Nasser, champion du « Tiers-Monde » : leader de l’Egypte depuis 1954 ( coup d’Etat militaire, NB Egypte indépendante depuis 1936 officiellement mais souveraineté limitée et pas sur la zone autour du canal de Suez) doc 6 p.155 : 1°§ : le canal de Suez (relie Mer Rouge à mer Noire, construit sous l’autorité de F de Lesseps, français, et comportant de nombreux capitaux anglais (illustration du mode de domination éco du colonialisme = Eg officiellement pas une colonie GB ni Fr à l’époque de la construction puis de l’exploitation de ce canal). : ici, qu’annonce Nasser ? Volonté de nationalisation. Comment le justifie = ce sont des égyptiens qui l’ont construit. Face à cela, les GB + Fr + Israël (directement menacé par le régime de Nasser qui est un général qui a gagné ses galons dans les guerres contre Israël et s’oppose à son existence) : lancent l’ »expédition de Suez » qui est un fiasco car condamnée par URSS qui menace d’utiliser sa bombe A, et par les EU alors que pensaient avoir leur soutien. Expé qui révèle encore une fois la faiblesse des anciennes puissances coloniales.
- 1956 est un événement symbolique dans la mesure où un Etat anciennement colonisé par les
- Britanniques, l’Egypte de Nasser réussit à imposer sa décision de nationaliser le canal de Suez en
- profitant du nouvel état des relations internationales. Pour réaliser la modernisation de l’Egypte,
- Nasser avait besoin de capitaux et pensait les prélever sur le canal qu’il estimait être le bien des
- Egyptiens qui avaient payé le prix du sang pour sa réalisation. Bien que vaincu militairement, la
- menace de recourir à l’arme atomique contre la France et le Royaume-Uni de l’URSS transforme
- cet échec en victoire diplomatique. Elle symbolise l’émergence d’un nouvel acteur sur la scène
- internationale : les pays du Tiers - Monde.
- Par cet événement, Nasser devient un leader du monde décolonisé et en particulier du monde arabe = panarabisme., légende de Nasser cf la tentative d’attentat dont on peut douter de la véracité.
- En 56, il rencontre Tito, chef de l’Etat yougoslave qui a rompu avec l’URSS, et Nehru, président de l’Union Indienne, les 3 définissent une politique du non-alignement = rejet des blocs, solidarité internationale, souveraineté sur les ressources nationales. Conférence de Belgrade en 61.
B- Difficultés du non-alignement, Dépendance économique et néo-colonialisme (voir fin du cours d’histoire = le nouvel ordre mondial)
- le non alignement est très vite confronté à ses contradictions = difficulté de ne pas s’aligner dans un monde dominé par la guerre froide. Certains acceptent l’influence de l’URSS. Exemple de Cuba = discours ambigu de Fidel Castro qui se veut non-aligné mais pour qui l’URSS est le leader « naturel » des pays du Tiers Monde.
- Les organisations régionales créées ont un rôle modeste : l’OUA, l’ASEAN, Ligue arabe . Surtout ces organisations sont confrontées à des divisions internes : exemple = les pays arabes sont pris entre le panarabisme et lles aspirations religieuses = la Conférence islamique. 2 orga
- Problèmes éco maintenus = dépendance, dans le cadre de la DIT.
- Mais émergence de certains pays comme les pays asiatiques dès les années 70
- . En 1964, conférence des NU pour le commerce et le dév (CNUCED), 77 pays en 67 dans la Charte d’Alger, réclament un « nouvel ordre économique mondial » : modifier les termes de l’échange = inégalité car les pays du TM exportent des produits à faible valeur ajoutée + contrôle des mat 1° par les Etats du nord . Seuls les pays de l’OPEP y parviennent véritablement.
- Dans les années 60, dév d’une mystique révolutionnaire tiers mondiste, autour de la figure de Che Guévara, dénonce impérialisme pol et éco et tente d’allumer des foyers de guérilla (Congo, Bolivie).doc 6p. 161 ; Echec en grande partie de la voie révolutionnaire.
- Les pays du Tiers monde sont souvent des dictatures et connaissent des malheurs nbx.
Sujets de composition Le Tiers Monde dans les relations internationales depuis 1955 = sujet qui demande des connaissances vues ensuite. Mais on peut s’arrêter aux années 70 car après on ne parle plus de Tiers Monde
Doc. 5 p. 165 : P. Bruckner.
Un essai d’organisation
L’apparition du Tiers-Monde sur la scène internationale peut être datée très précisément à
1955 : les guerres de Corée et d’Indochine viennent de prendre fin. C’est d’Asie que vient « le vent
nouveau ».
_ A Bandung, en Indonésie, 29 pays d’Afrique et surtout d’Asie tiennent une conférence en
avril 1955. Quelques grands ténors du Tiers-Monde s’affirment : Nehru pour l’Inde, Soekarno pour
l’Indonésie, Nasser pour l’Egypte et Zhou Enlaï pour la Chine. Même si une précédente conférence
s’était tenue à New Delhi en 1947, c’est Bandung qui marque l’acte de naissance politique des
« peuples de couleur ».
Bandung est l’ancienne capitale de l’Indonésie devenue indépendante en 1949. La conférence est
l’incarnation de l’afro-asiatisme, courant qui met en avant la communauté de destin et d’intérêt des
pays asiatiques et africains. Sont présents à cette conférence seulement 29 Etats afro-asiatiques
parmi lesquels l’Inde, le Pakistan, l’Indonésie, la Chine populaire, le Nord Vietnam, la Libye et
l’Egypte ; ce faible nombre s’explique aisément car si la décolonisation de l’Asie est largement
entamée, ce n’est pas le cas en Afrique. Tout autant que les présents, comptent les absents : les
Etats-Unis, l’URSS et les Etats européens. Dans un contexte de guerre froide, atténuée par la «
coexistence pacifique », les pays du Tiers Monde réunis à Bandung cherchent confusément une
« troisième voie ».
Les pays présents à cette conférence réclament unanimement la fin du colonialisme, en effet l’Afrique
est toujours sous la sujétion coloniale, au nom des droits de l’homme et de la Charte des
Nations Unies c’est-à-dire pour l’essentiel du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Ils
rejettent le racisme, l’ingérence des puissances extérieures qu’elles soient européennes ou des
deux supergrands, Etats-Unis et URSS ; ils mettent en avant un certain neutralisme.
A court terme, Bandung eut un écho considérable. Il joua un rôle d’amplificateur aux revendications
d’émancipation ; il contribua à mobiliser ces nouvelles nations pour investir l’ONU, l’orienter et
s’en servir comme tribune. Le mouvement des non-alignés découle assez directement de Bandung.
Néanmoins, quant au fond, sur le respect du droit international, sur la coopération économique,
il eut un impact bien faible.
_ Un coup d’éclat Suez 56.
Suez, en 1956 succède aux discours de Bandung. Nous ne reviendrons pas sur le détail des faits et
son impact géopolitique à échelle mondiale qui relève plus des relations internationales. Depuis deux
ans, Nasser a pris le pouvoir en Egypte ; par son charisme, il s’impose comme le leader de
la Ligue Arabe et s’illustre à Bandung. Pour financer un vaste programme de modernisation
et de développement, il nationalise le canal de Suez, possession franco-britannique. C’est
l’occasion de chasser les deux puissances coloniales et de restaurer le nationalisme égyptien comme
le panarabisme. On le sait, les Français et Britanniques accompagnés des Israéliens entreprennent une
action militaire pour recouvrer le canal et ces 3 pays, bien que vainqueurs militairement doivent partir
faute du soutien américain et face à la menace nucléaire soviétique. Suez redonne aux Arabes leur
fierté et affaiblit les deux grandes puissances coloniales d’alors. En jouant les allées et venues entre
supergrands, les pays du Tiers-Monde, ici l’Egypte, prennent conscience qu’ils peuvent sinon influer du
moins conquérir leur autonomie dans les relations internationales .
_ La création de l’OPEP en 1960 ressemble à bien des égards au « coup de Suez ». Elle participe
du même postulat tiers-mondiste, recevable en partie seulement, selon lequel c’est la colonisation
ou son avatar le colonialisme qui explique et génère le sous-développement et les difficultés
économiques des pays du Tiers-Monde.
En août 1960, les grandes compagnies pétrolières, anglo-américaines, décident de baisser le prix du
pétrole. Ne profitant pas de la rente pétrolière, des Etats producteurs décident de créer en septembre
1960 l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) : Venezuela, Irak, Iran, Koweït,
Qatar, Arabie Saoudite puis Algérie, Libye, Nigeria. L’OPEP a un double objectif : augmenter les
royalties pour les pays producteurs et nationaliser la production ainsi de l’Irak en 1972.
Par l’arme économique, certains pays du Tiers-Monde peuvent se faire entendre mais ce n’est là
qu’une minorité et une action isolée.
_ Le Tiers-Monde : acteur ou plutôt enjeu
des relations internationales ?
_ Bandung initie une troisième voie diplomatique, le neutralisme à l’égard des 2 grands. De
cette impulsion naquit le « mouvement des non-alignés », tentative pour peser sur les Relations
Internationales sans en être l’objet. Le moins que l’on puisse en dire, c’est que ce fut là un échec.
Voyons en quoi.
Dès 1956, Tito (pour la Yougoslavie), Nasser et Nehru se réunissent pour relancer les principes du
neutralisme entrevus à Bandung. C’est à Belgrade en 1961 que naît officiellement le mouvement
des non-alignés. 25 pays sont présents à cette conférence. Sont réaffirmés de grands principes
comme le rejet des deux blocs, soviétique et américain, du colonialisme ou plutôt du « néocolonialisme
». On prévoit ensuite une périodicité de 3 ans pour les sommets des non-alignés : 1964
au Caire, 1970 à Lusaka, 1973 à Alger.
Malgré ces beaux principes, le « mouvement des non-alignés » est l’exemple d’une illusion, en
effet nombre de ces Etats membres ou fondateurs sont de facto dans la sphère communiste
sinon soviétique : la Chine Populaire, la Yougoslavie en dissidence avec la mère patrie, et
plus clairement Cuba ! Le mouvement des non-alignés est nettement anti-américain, son neutralisme
n’est que de façade. Pire, il est rongé de l’intérieur, car ses Etats - membres se disputent parfois les
mêmes territoires.
_ Son échec politique est criant, néanmoins comme à Alger en 1973, c’est une tribune qui soulève
des problèmes de fond, comme celui de l’ordre économique mondial.
Les pays du Tiers-Monde sont aussi appelés à l’époque « pays sous-développés » ; cette dénomination
toujours « européocentriste » sinon « occidentalo-centrée » traduit néanmoins une réalité
économique indéniable : le fossé entre pays développés et pays en voie de développement
ne cesse pas de se renforcer, déjà dans un rapport de 1 à 60 en 1964 au sujet de la richesse
(proportion de l’écart entre le pays le plus riche et le pays le plus pauvre). Fort accroissement démographique,
exportations quasi exclusives de matières premières restent des caractéristiques communes aux
pays du Tiers-Monde, or aucun décollage économique n’est repérable à l’horizon. Ces pays prennent
conscience de la priorité des questions économiques et notamment de la dégradation des termes de
l’échange (rapports entre la valeur des exportations – matières premières – et la valeur des
importations – produits industriels –) : l’inflation renchérit les produits importés alors que le cours
des matières premières exportées baisse.
Face à cet échange inégal, le Tiers-Monde s’organise pour peser sur l’organisation du commerce
international. Ce sera l’objet des CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce
et le Développement), dont la première se tint en 1964 à Genève. 120 pays sont représentés dont
77 pays en voie de développement. Assez rapidement, la conférence s’enlise : la France propose une
fixation des prix et la création d’un fonds d’aide au développement, à l’inverse les Anglais et Américains
refusent toute remise en cause du libéralisme économique. Pour dépasser cet échec, les 77 s’unissent et
portent leurs réclamations dans une conférence à Alger en 1967 : « la gravité du problème requiert
d’urgence l’adoption d’une stratégie globale du développement ». Rien de bien concret ! Les
CNUCED s’institutionnalisent comme organisme permanent de l’ONU ; la seconde se tient à New Delhi
en 1968, la 3e au Chili en 1972. Rien de décisif n’en ressort.
D’où l’exigence formulée à Alger lors du sommet des « non-alignés » en 1973 de mettre en place
un « nouvel ordre économique international », le NOEI. Cette demande est relayée par une déclaration
de l’assemblée générale de l’ONU en mai 1974 qui rappelle le nécessité de « rapports justes et
équitables entre les prix des matières premières, des produits primaires… exportés par les pays en voie
de développement et les prix… des biens… et matériel importés par eux ».
Ces paroles resteront lettre-morte ; la crise vient d’éclater en 1973 et ruine les espérances des
PVD (Pays en voie de développement).
_ L’échec des Pays du Tiers-Monde à peser sur les relations économiques internationales, flagrant
dès le milieu des années 1960 a suscité localement l’éclosion de mouvements révolutionnaires,
notamment en Amérique Latine. Ernesto « CHE GUEVARA » en est le héros, lui qui voulait semer la
guérilla contre les « forces impérialistes » en Afrique, en Bolivie … Sa figure christique, de révolutionnaire
romantique, a entretenu l’illusion d’une solution par la révolution aux problèmes du Tiers-Monde.
La mort du Che en 1967 signe le glas des espérances révolutionnaires.
D La fin du Tiers-Monde et l’émergence des « Suds »
_ Une unité factice, des intérêts différents
_ Les problèmes économiques ont pris le dessus sur les aspects politiques. L’année 1973 est
sur ce point l’année cruciale, elle révèle crûment les intérêts antagonistes au sein même des pays du
Tiers-Monde. L’OPEP, essentiellement les pays arabes producteurs de pétrole, décide les 16 et
17 novembre 1973, en pleine guerre israélo-arabe d’augmenter le prix du baril de pétrole
par quatre. C’est le détonateur de la crise. Les pays développés sont gravement touchés : forte
inflation, explosion du chômage. L’utilisation de l’armé économique pour faire pression sur les Etats-
Unis a fonctionné. Or, on oublie un peu vite que les pays du Tiers-Monde ont également et pour
certains plus durement subi la crise économique.
Le choc pétrolier enrichit les Etats pétroliers du Moyen et Proche-Orient, pays faiblement peuplé pour
certains, ainsi l’Arabie Saoudite augmente sa richesse de 2 fois et demie dans l’année qui suit le choc.
Mais tous les pays du Tiers-Monde ne sont pas exportateurs de pétrole, nombre d’entre eux sont
aussi dépendants des importations énergétiques. La facture pétrolière s’avère trop lourde, les pays
du Tiers-monde s’enfoncent dans la crise et commence le cycle infernal de la dette. Quelques pays,
comme le Nigeria, disposent bien de gisements pétroliers mais ils ne réussissent guère à profiter de la
manne pétrolière, privilégiant plutôt des dépenses improductives quand ce n’est pas la corruption
qui engloutit les revenus pétroliers.
La crise économique fait voler en éclat l’idée de solidarité entre pays du Tiers-Monde. La
notion même de Tiers-Monde perd toute signification. Les pays en développement – mieux
vaut ainsi les dénommer – sont laissés à eux mêmes ; en témoigne le relatif échec du sommet
de Cancun (Mexique) en octobre 1981 où étaient promises des négociations entre pays
développés et pays en développement.
_ On pourrait trouver un seul contre-exemple à la césure économique NORD-SUD qui commence à se
durcir : les accords CEE-ACP. En 1975, par les accords de LOME I, la Communauté Européenne
signe un accord de commerce privilégié avec 35 pays ACP (= Afrique, Caraïbes, Pacifique). Ces
accords sont renouvelés en 1979 : Lomé II, étendus à 58 pays ; ils prévoient des aides financières,
un accès facilité au marché européen et un certaine stabilisation des prix des produits
exportés vers l’Europe, essentiellement des matières premières agricoles. Ils continuent de nos jours,
renouvelés en 2000, et concernent 71 Etats ACP.
_ Si, à échelle mondiale, l’idée de Tiers-Monde perd toute efficacité et signification, n’en demeurent
pas moins des tentatives d’organisation locale, parfois antérieure à 1973. En Afrique, l’OUA
(Organisation de l’Unité Africaine) dont le but était de veiller à la paix et au respect des frontières
avait fait preuve de son échec aussi d’autres organisations africaines ont vu le jour : l’OCAMM
(Organisation commune africaine, malgache et mauricienne) francophone et sa rivale, le Groupe de
Casablanca (réunissant des pays islamiques : Maroc, Ghana, Guinée, Mali…). En Asie, on assiste à
l’apparition en 1967 de l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est) afin d’organiser l’essor
économique de cette région.
_ Des « Suds » : les obstacles communs
du mal développement
Au-delà des divergences d’intérêts économique et politique qui nous interdisent d’utiliser désormais
le vocable « tiers-monde », il existe néanmoins des critères communs et bien qu’ils ne se retrouvent
pas dans tous les pays en développement, fréquents, ils caractérisent les pays du Sud.
_ Ces obstacles sont d’abord politiques :
Les PED ont pour la plupart hérité de la notion d’Etat, forgée par les anciens colonisateurs, ainsi que
de frontières. Or très souvent, ces frontières sont artificielles en ce sens qu’elles ne correspondent
à aucune réalité ethnique ou économique. Nombre de PED sont multiethniques. Ces pays, surtout
en Afrique, avec l’OUA, pour s’affirmer ont rappelé l’intangibilité des frontières. Certaines ethnies
minoritaires ont souhaité accéder à l’indépendance, il en a résulté nombre de conflits dont le plus
© Cned – Académie en ligne
Séquence 11-HG00 627
célèbre est celui du Biafra, région des Ibos chrétiens à l’Est du Nigeria – pays à dominante musulmane
– qui proclama son indépendance en mai 1967. Les autorités nigérianes déclenchèrent une guerre
qui dura 3 ans et permit d’écraser le mouvement sécessionniste. A l’inverse, l’Erythrée a acquis son
indépendance après une guerre de 30 ans contre l’Ethiopie en 1993 ainsi que le Timor oriental en
2002, après que l’ONU y a envoyé une force militaire pour empêcher toute reconquête indonésienne.
Des conflits persistent : au Cachemire, revendiqué par l’Inde et le Pakistan, au Sri Lanka où
les Tamouls luttent toujours pour faire sécession.
Les troubles ne se développent pas seulement sur des querelles de frontières. On a vu se multiplier les
guerres civiles pour des motifs très divers. En Afrique, c’est autour de l’ethnicisme c’est-à-dire la volonté
de domination exclusive d’une ethnie, d’un groupe de population sur les autres composantes
nationales. Le cas type s’est produit au Rwanda en 1994 quand d’avril à juin, les Hutus ont
massacré près de 500 000 Tutsis. Sans encore atteindre la proportion du génocide rwandais, le cas
du Congo-Zaïre ou Congo-Kinshasa s’en rapproche, pays dans lequel les troubles persistent, où les
affrontements inter-ethniques sont monnaie courante. Le Soudan est un autre exemple de ces guerres
ethniques : le sud chrétien et animiste a subi une véritable politique d’extermination par la faim menée
par le nord musulman avant qu’un droit à l’autodétermination n’intervienne en 2002. Dans les pays
islamiques, c’est la menace islamiste qui se précise depuis 25 ans. On pourra définir l’islamisme
comme un projet politique totalitaire de fondamentalistes religieux musulmans dans lequel la
Charia – Loi Islamique – gère toute la vie quotidienne. L’islamisme en Algérie a conduit depuis
1992 à une véritable mise à sac du pays, ravagé par le terrorisme.
De fait, alors qu’au Nord on assiste depuis la chute de l’Union Soviétique à un certain – et relatif
– désarmement ; au Sud, c’est l’inverse qui se produit avec une course aux armements, à l’arme
atomique, obtenue en Inde (1974), en Afrique du Sud(1979), au Pakistan (1998), en cours en
Iran et en Corée du Nord.
La violence politique se trouve souvent à la tête de l’Etat. Depuis la décolonisation, les coups d’Etat
sont nombreux, surtout en Afrique. Prenons l’exemple du Congo-Kinshasa. Depuis la prise de pouvoir
de Mobutu en 1965, la dictature continue. Ce militaire a été chassé en 1997 par Laurent Désiré Kabila,
chef des rebelles ; ce dernier disparaît en 2001 dans un attentat… Trop souvent, le pouvoir politique
dans les PED est confisqué par les militaires, un groupe ethnique ou un parti : Parti Baas en Irak
jusqu’en 2003, Parti Communiste en Chine ou au Vietnam, en Corée du Nord… Ce constat négatif doit
cependant être nuancé. La démocratisation a spectaculairement progressé en Amérique Latine
dans les années 80, démocratie établie en 1983 en Argentine, en 1985 au Brésil (à l’exception de
Cuba) et en Afrique australe dans les années 90 (à l’exception du Zimbabwe).
_ Ces obstacles sont également de nature socio-économique :
Les PED doivent faire face à deux grands défis :
– l’endettement, évalué à 2000 milliards de $ en 1995 qui asphyxie les économies africaines ou
asiatiques. Les remises de dettes partielles accordées (G7 de Lyon en 2000) n’effacent pas le
problème. Les PED tentent de s’organiser pour exiger l’ouverture des marchés des pays du
Nord comme le G21 (groupe de 21 pays en développement) qui ont réussi à faire échouer les négociations
de l’OMC à Cancun sur les produits agricoles en 2003 par leur opposition.
– l’explosion démographique . Le Sud c’est 1/4 des richesses mondiales pour 3/4 de la population
mondiale. Il y a là un déséquilibre caricatural qui explique l’accroissement des migrations
Sud-Nord. L’effort de scolarisation est énorme à accomplir pour une population très jeune ;
et quand la population se qualifie, très souvent elle migre vers des postes mieux rémunérés dans les
pays du Nord.
Il existe enfin des obstacles communs avec les pays développés mais particulièrement aigus
dans les PED :
La crise urbaine. Les villes des PED, en tout cas les capitales, et en de plus rares cas des métropoles
régionales, sont devenues géantes comme Le Caire, Lagos, Mexico, Sao Paulo, Bombay… Ces villes
expriment tous les contrastes sociaux des PED : quartiers modernes financiers ou résidentiels
aisés s’opposant à d’infinis bidonvilles, précaires et illégaux.
Les atteintes à l’environnement sont spectaculaires et notamment la destruction des forets
primaires au Gabon, en Indonésie et surtout en Amazonie.
On n’oubliera pas non plus la corruption
_ Une inégale insertion au processus de
mondialisation
La fracture Nord-Sud balafre notre planète mais nous ne pouvons pas nous en tenir à ce constat trop
simplificateur. Depuis 1973, les PED se singularisent les uns par rapport aux autres.
Il est possible de faire des regroupements régionaux :
L’Asie
Elle donne l’impression de sortir du mal développement. Les anciens NPI d’Asie : Corée du Sud,
Taiwan, Singapour sont depuis près de 20 ans considérés comme des pays du Nord. La Chine,
dans l’OMC depuis 2001, à l’instar de l’Asie pacifique, connaît des taux de croissance sans égal par
ailleurs. L’Asie a su s’insérer dans le commerce mondial, en utilisant d’abord l’abondance et le côté
bon-marché de sa main d’oeuvre. Jusqu’en 1997, on pouvait parler de « prospérité économique » pour
cette zone, quand les « Tigres » (Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Philippines) s’industrialisaient, prenant
le relais des 4 NPI. La crise de 1997 a révélé la fragilité de l’essor économique pour ces derniers.
L’Amérique latine
Elle s’est également insérée dans les échanges mondiaux mais les progrès ne sont pas aussi spectaculaires
qu’en Asie. Globalement, la richesse y progresse mais les écarts sociaux sont caricaturaux.
Les tentatives d’organisations régionales comme le MERCOSUR ne sont pas convaincantes
pour l’instant ; ces pays restent très dépendants des institutions financières internationales
comme le FMI et la Banque Mondiale comme l’a montrée le naufrage de l’Argentine en 2001-2002.
Des maux plus spécifiques persistent et gangrènent sinon la société du moins l ‘économie et la politique
comme le trafic de drogue, spectaculaire en Colombie.
L’Afrique subsaharienne
Elle donne l’impression depuis 25 ans de s’enfoncer dans le mal développement. C’est un territoire
délaissé, qui ne réalise qu’à peine 3% de la richesse mondiale. Elle cumule presque tous
les obstacles au développement vus précédemment, et ce n’est pas par hasard si on y localise la
plupart des Pays Les Moins Avancés (PMA) du monde. Endettement, guerre, corruption, pandémies…
La situation de l’Afrique est très préoccupante.
Le monde islamique
Il présente en fait une grande diversité. Les monarchies pétrolières d’Arabie côtoient des PMA
comme l’Afghanistan. Aujourd’hui, plus que les contrastes de richesse, c’est le péril de l’islamisme
qui pointe et pourrait être mortel à tout processus de développement : en Afghanistan
de 1996 à 2002 ; en Iran de 1979 à nos jours, en Algérie depuis 1988.
A travers cette étude du Sud, on perçoit bien que les difficultés économiques et sociales des PED persistent.
Une tentative partielle de réponse a été proposée : les politiques de coopération ou d’aide au
développement dont la France dans le cadre de la francophonie a été un leader. On a vu les accords
de Lomé entre les pays ACP et l’Union Européenne, régulièrement reconduits depuis 1975. Cette aide
au développement a été fortement critiquée comme étant « néocolonialiste », entretenant
la dépendance, technique, culturelle … des PED de même que l’est de plus en plus la main
mise sur les économies défaillantes des PED du FMI et de la Banque Mondiale dans le but,
officiel, de restreindre la dette. ■
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