jeudi 13 mai 2010

GEOGRAPHIE: Unité et diversité des suds / l'exemple du Brésil

Unité et diversité des Sud

INTRO : déjà vu : L’inégal développement à l’échelle du monde. Les États du
Sud présentent des traits communs, liés au sous-développement : p. 246.

Ils se différencient toutefois de manière croissante, en fonction de politiques de développement inégalement efficaces :
- P 248 : les conséquences des différents choix politiques
- P. 250 : l’hétérogénéité de plus en plus grande des Suds

LE BRESIL : CONTRASTES SPATIAUX DE DEVELOPPEMENT


INTRO. :
Le Brésil est un bon exemple pour illustrer les contrastes de développement des pays du Sud: déjà même, sans parler de ses disparités territoriales, le contraste apparaît entre le Brésil NPI 9ème puissance économique du monde et 1ère puissance régionale d’Amérique du Sud et le Brésil PED au 75ème rang du monde pour l’IDH. Plus qu’un autre pays du Sud, le Brésil est un pays mal développé.
Cartes majeures p. 252 et croquis p. 269
Présentation :
Etat-continent : 8,5 millions de Km2 aux richesses naturelles forestières, agricoles, minières et énergétiques importantes : minerais, potentiel hydraulique, quelques hydrocarbures…
175 millions d’hab. très métissés (les descendants des Indiens précolombiens, des esclaves noirs et des émigrants européens),vivant dans un Etat fédéral composé de 26 Etats regroupés en cinq grandes régions : le Nordeste, le Sudeste, le Sud, le Centre-Ouest et le Nord, ayant retrouvé la démocratie depuis 1985.
Puissance régionale : « leader » de l’Amérique du Sud, la moitié de sa population, de son PIB et de sa superficie, poids dominant dans le Mercosur… et une des 1ères puissances du Sud dont il défend les intérêts face au Nord dans les négociations à l’OMC.
Puissance mondiale : 9ème puissance économique mondiale par le PIB, insertion dans la mondialisation (stratégie autocentrée d’un NPI, 3ème exportateur agricole, ayant une ou deux métropoles appartenant à l’AMM), rayonnement culturel international par, en particulier, la musique (samba, bossa nova, influences dans le Latin Jazz), le football, la littérature, l’accueil des forums sociaux mondiaux (FSM)…
Mais le Brésil conserve de nombreux traits des pays du Sud et plus particulièrement de forts contrastes sociaux qui se traduisent par d’importants déséquilibres et disparités dans le territoire que l’on peut lire à plusieurs échelles.

I) Partout, une mosaïque d’inégalités à grande échelle (= echelle locale)
Carte 4 p. 253
A) Disparités dans les campagnes : inégalité des structures foncières, p 256 n° 7/ 8/ 9

1) Les latifundios s’opposent aux microfundios et aux minifundios, soit 10 % des propriétaires possèdent 80 % des terres : les très grandes exploitations (les fazendas de plusieurs centaines d’ha, voire des milliers) s’opposent aux petites (10 à 50 ha) et très petites exploitations (moins de 10 ha)

a) Les 90 % de petits propriétaires, n’ont pas assez de leurs terres pour vivre : aussi vont-ils louer leurs bras aux grandes exploitations pour des travaux, saisonniers souvent et fort éloignés de leur résidence. Cf. « les veuves de maris vivants », femmes des paysans Nordestins partis 6 mois pour couper la canne dans le Sudeste

b) Il faut leur ajouter les paysans sans terre, les boias frias, qui sont eux aussi salariés agricoles selon les besoins des latifundiaires.

c) Présentes dans tout le territoire, ces oppositions sont très graves d’abord dans le Nordeste puis dans le Centre-Ouest où de nombreux conflits, y compris violents, ont lieu entre latifundiaires et petits paysans et paysans sans terre.

2) Deux explications à ces inégalités :

a) Structures agraires héritées de la colonisation et de la mise en valeur du territoire du XVIème au XIXème siècles, fazendas d’élevage extensif et plantations de cultures commerciales d’exportation cultivées par les esclaves, Indiens puis Noirs, et aujourd’hui par les salariés sous payés.

b) L’effet pervers de la mise en valeur pionnière actuelle du Centre-Ouest et de l’Amazonie : grandes exploitations se substituant aux moyennes initialement prévues

L’Etat voulait, au départ, donner de la terre aux petits paysans. En fait souvent, ce sont de grandes propriétés appartenant à des sociétés agroalimentaires qui s’y sont créées. Soit elles y pratiquent l’agriculture commerciale intégrée, soit l’élevage commercial extensif. Les conflits agraires sont fréquents dans ces zones pionnières.
3) Les tentatives de réformes agraires n’ont pas encore abouti :

Les grands propriétaires* les ont toujours freinées, tant celles des années 60 que celles des années 80.
(*ils ont favorisé le coup d’Etat militaire dans les années 60 et ont soutenu la dictature jusqu’à sa fin en 1985).
Les revendications pour ces réformes sont parties du Nordeste avec les Ligues de paysans et les mouvements de paysans sans terres
Aujourd’hui, la distribution des terres reste une des priorités du Président Lula Da Silva élu en 2002 (ancien ouvrier syndicaliste et militant du Parti des Travailleurs)

B) Inégalités intra-urbaines : la ségrégation spatiale urbaine 11 et 12 p 257

1) Les centres-villes historiques développés : le CBD, les quartiers résidentiels aisés, les commerces de luxe et de détail,: lieux de commandement politique, administratif, économique nationaux et mondiaux et internationaux s’il s’agit d’une ville métropole.
Dans les villes balnéaires, dont Rio, il ; faut leur adjoindre les espaces du tourisme international avec les plages (privées !) et les grands hôtels.

2) Les quartiers résidentiels intermédiaires des classes moyennes : les stratégies d’industrialisation de substitution aux importations et avant elles l’immigration européenne de la fin XIXème et début XXème a permis au Brésil l’émergence d’une classe moyenne assez nombreuse dans les villes du littoral. Cette classe est dynamique et investit dans l’économie.

3) Les quartiers défavorisés où se côtoient habitats pauvres, usines et favelas (nom portugais signifiant bidonvilles). Dans les villes côtières, s’y mêlent les installations portuaires. Les zones de contacts de ces quartiers et des quartiers plus riches sont les espaces privilégiés du secteur informel et des lieux de tensions sociales.

4) Actuellement, augmentation des « condominios fechados »et des « shoping centers » : les premiers sont quartiers fermés, homogènes, aisés, gardés par une milice privée…à l’imitation des EU et des pays du Nord et les seconds sont des lieux de consommation réservés à l’élite aisée et aux classes moyennes des villes.

C) Inégalités selon les communes à l’intérieur du territoire de chacune des cinq régions :

D’une commune à l’autre, les régions présentent de forts contrastes d’IDH.


Région IDH le plus élevé IDH le moins élevé
Nord 0,796 0,317
Nordeste 0,793 0,265
Centre-Ouest 0,806 0,401
Sudeste 0,830 0,363
Sud 0,834 0,447

D) Globalement, ces contrastes territoriaux très grands reflètent les écarts sociaux et se combinent aux inégalités ethniques malgré le métissage incontestable

1) 1 % des plus riches ont un revenu annuel 160 fois supérieur aux 10 % les plus pauvres !

2) Les populations de couleur et les populations métissées sont les plus pauvres et elles sont surtout au Nord et dans le Nordeste (métis indiens et noirs). Les populations du Sud et du Sudeste, plus riches, sont à majorité blanche et moins métissée.

II) Les inégalités et contrastes régionaux très marqués

A) Des dissymétries spatiales de richesse, de peuplement et de mise en valeur :

1) Contraste entre un Sud riche et un Nord pauvre 4 p 253
2) Contraste entre littoral oriental très peuplé et très anciennement mis en valeur (XVIème siècle) et l’Ouest intérieur vide et incomplètement et récemment mis en valeur

B) Une organisation spatiale Centre / Périphéries

1) Le Centre : les deux régions motrices du Sudeste et du Sud : « le Brésil riche ».

a) Les espaces du Brésil intégré à la mondialisation, du Brésil NPI et puissance régionale : *

* Centres d’impulsion économiques et financiers par métropolisation et littoralisation des activités : - métropoles mondiales et nationales Sao Paulo, Rio de Janeiro, Porto Alegre, Belo Horizonte, Santos, triangle industriel et financier de Belo Horizonte-Sao Paulo-Rio, sièges de firmes brésiliennes nationalisées et privées te des FMN
* Essentiel des productions agricoles et industrielles à valeur ajoutée destinées à l’exportation : grands domaines agricoles intégrés à l’agroalimentaire (café, canne à sucre, coton, agrumes…) industries les plus modernisées (automobile, pharmacie, textile…), façade portuaire (Santos 1er port à conteneur ), lieux touristiques internationaux…
* A cause du Mercosur, intégration frontalière avec les régions de Buenos Aires (Argentine) et de Montevideo (Uruguay).
*=> IDH les plus élevés et supérieurs à la moyenne nationale.

b) Raisons du développement et de la richesse : * développement de la culture et de l’exportation du café à partir du XIXème siècle
* minerais dont le fer dans la région du Minas Gerais (ouest de Belo Horizonte) au début XXème et gros potentiel hydroélectrique.
* stratégies de développement extraverti par étapes fondé sur l’industrialisation, Cf. cours sur le Sud : début vers 1930, accélération années 1960 et relance années 1980.
* coexistence en interdépendance des entreprises de l’Etat (énergie, armement, aéronautique…), les entreprises privées brésiliennes et les FMN (automobile, pharmacie, alimentation ex. Carrefour…)
* main d’œuvre bon marché ayant permis la rentabilité des exportations et le décollage économique des années 1960, « le miracle brésilien » et constituant un « avantage comparatif » aujourd’hui dans la mondialisation.

2) Les périphéries :

a) La périphérie en cours d’intégration rapide : le Centre-Ouest appartenant au «Brésil pionnier ».

* L’Etat à l’origine de la mise en valeur depuis les années 60 : création de la nouvelle capitale, Brasilia, dans un désert humain puis le désenclavement par la construction des infrastructures routières enfin les encoura-gements aux flux migratoires internes pour désengorger le Sudeste et offrir de meilleures conditions de vie aux migrants poussés par la misère du Nordeste.
* Aujourd’hui : réussite économique de la mise en valeur de l’ensemble de la région avec le développement de l’agriculture commerciale intégrée aux FMN de l’agroalimentaire et à la mondialisation. Mais socialement des conflits agraires à cause de l’appropriation de la majorité des terres par des grands propriétaires (individuels ou sociétés) aux dépens des migrants pauvres restés des petits paysans.

b1 et b2) Deux périphéries marginalisées : le Nord (Amazonie) appartenant au « Brésil pionnier » et le Nordeste appartenant au « Brésil sous-développé ».

b1) L’Amazonie et ses fronts pionniers : sous peuplée, réserve de terres et de ressources naturelles (minerais, hydrocarbures, hydroélectricité).
* Mise en valeur initiée par l’Etat depuis 30 ans : fronts pionniers à partir de la construction d’axes de pénétration routiers. Trois objectifs : exploiter des ressources, désengorger le Sudeste et résoudre les problèmes des paysans nordestins.
* Défi essentiel aujourd’hui : réaliser le développement durable => freiner les atteintes à l’environnement dues à la destruction de la forêt amazonienne, protéger les populations amérindienne et les petits paysans colons venus du Nordeste face à l’installation de grandes exploitations.

b2) Le Nordeste sous-développé :
* L’ancien cœur du Brésil du XVIème au XIXème siècle (colonisation initiale et point de départ de la mise en valeur du territoire + agriculture d’exportation des fazendas fondée sur la canne à sucre, le coton, et l’élevage + ports dont Recife et Salvador…), densément peuplé
* Aujourd’hui, « le Brésil sous-développé » en grandes difficultés économiques et sociales : pression démographique, ruralité avec inégalité de la répartition des terres, à l’écart de la mondialisation, les plus faibles IDH du Brésil, des révoltes agraires avec occupation des terres (Ligues paysannes et Mouvement des paysans sans terre), des sècheresses catastrophiques à l’intérieur dans le Sertao…=> terre d’émigration vers les favelas du Sudeste et les fronts pionniers.
* Quelques îlots de prospérité récents mais qui créent des disparités spatiales : agriculture commerciale intégrée et irriguée dans les vallées intérieures, et le développement du tourisme et de l’exploitation pétrolière sur le littoral.

Ainsi : *le Sudeste et le Sud = « le Brésil riche »
* le Centre-Ouest }
+ } = « le Brésil pionnier »
le Nord }
* Le Nordeste = « le Brésil sous-développé ».

CONCL. Bilan et perspectives : le Brésil est encore loin de la disparition des déséquilibres spatiaux et le mal développement y persiste.
La mondialisation accentue le déséquilibre des structures agraires car les grands domaines d’agriculture d’exportation intégrés à l’agrobusiness sont les plus rentables.
De même, la mise en valeur économique du Centre-Ouest, du Nord et la modernisation agricole Nordeste se font dans le cadre des grandes exploitations tournées vers l’exportation.
La métropolisation et la littoralisation actuelles des activités dans une économie mondialisée accentuent la prééminence du Sud et du Sudeste. Le Mercosur augmente encore leur poids dans le territoire brésilien.
Les défis majeurs auxquels le Président Lula Da Silva est confronté sont, malgré ou avec le contrôle du FMI et de la Banque Mondiale, de réduire les écarts sociaux, d’atténuer les déséquilibres spatiaux et de mettre le Brésil sur la voie d’un développement durable.

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