lundi 10 mai 2010

Histoire: de la société industrielle à la société de consommation

Histoire. De la société industrielle à la société de consommation.

Intro. De 1945 à nos jours, période de croissance économique exceptionnelle (PIB mondial multiplié par 6 en 60 ans), qui a permis un accroissement sans précédent de la population mondiale (de 3 à 6,5 milliards d’êtres humains entre 1945 et aujourd’hui) et un enrichissement spectaculaire de l’humanité (revenu par habitant est passé de 2000 dollars en 1950 à 6000 dollars au début du 21ème s.). Pourtant, on parle davantage de chômage, d’inégalités, de pauvreté que de progrès.
Quelles sont les caractéristiques de la croissance dans le monde depuis 1945 ? Quelles ont été ses conséquences sur les sociétés contemporaines ?

I/ La croissance des « Trente Glorieuses » (1945-1973).

1.1 Une croissance exceptionnelle.

Pages 32-33. Doc 1 a et b (textes sur les 30 Glorieuses) / doc 2 (diagramme taux de croissance) / doc 4 (diagrammes taux de chômage). Pourquoi peut-on parler de « croissance exceptionnelle » entre 1945 et 1975 ?

Entre 1945 et 1975, le monde connaît une croissance économique qui apparaît comme miraculeuse après les multiples croises depuis les années 1880 (dépression fin 19ème s., PGM, crise des années 1930, SGM). L’économiste Jean Fourastié a qualifié cette période de forte croissance de « Trente Glorieuses ». Dans les pays industrialisés, des taux de croissance annuels de la production industrielle autour de 5% (12,6% pour le Japon !). Le plein-emploi est partout assuré, laissant croire à une croissance sans limite et à la fin du chômage. Croissance exceptionnelle par son intensité, sa durée et son ampleur. Croissance mondiale : toutes les régions du monde sont concernées, l’écart pays riches/pays pauvres se réduit.

1.2 Une société de consommation.

Doc 1 p. 44 (article du Monde du 14/01/1970) / doc 1 c p. 32 (article de Libération de février 1984) / doc 4 p. 45 (extrait des Aventures de Spirou et Fantasio de 1962). Qu’appelle-t-on une « société de consommation » ? Causes ? Quelle vision de la société ?

Pendant les 30 Gl., mise en place de sociétés de consommation, autrement dit de sociétés d’abondance dans lesquelles les individus sont lancés dans une course effrénée à la consommation et deviennent des « individus-caddies ». Explosion de la consommation, encouragée par l’explosion de la production, est permise par la progression spectaculaire du niveau de vie. En France, le pouvoir d’achat d’un ouvrier est multiplié par 4 entre 1945 et 1975. Rôle clé de la pub, des hypermarchés, du crédit dans l’équipement des ménages. Certains auteurs ont une vision ironique et critique de cette société dans laquelle l’individu ne se sent vivre que s’il consomme.

1.3 Les facteurs de la croissance, ses limites.

- Vitalité du capital humain. Pop.mondiale passe de 3 à 4 milliards entre 1950 et 1973. Baby boom accroît le nombre de consommateurs. Amélioration de la qualification d’hommes mieux nourris, mieux soignés, mieux formés.
- Rôle moteur joué par les EU. Conférence de Bretton Woods (1944) : nouveau système monétaire international qui fait du dollar la monnaie de référence. Nouvelles institutions comme le FMI ou la BIRD (Banque mondiale). Plan Marshall : reconstruction de l’économie européenne. Libéralisation du commerce mondial.
- Affirmation de l’Etat-providence en Europe occidentale: intervention régulatrice de l’Etat dans l’économie pour assurer le plein-emploi, limiter les inégalités sociales et redistribuer les richesses. Modèle inspiré des idées de Keynes. Ex français des services publics et de la sécurité sociale. Investissements massifs de certains pays dans les industries de pointe (nucléaire, informatique, télécommunications, aéronautique…).

Doc 5 p.33 (texte sur la société de consommation, daté de 1975). Limites de la croissance ?

- Des limites géographiques : les pays du Tiers-Monde profitent moins du développement économique que les pays du Nord. Des progrès sanitaires et médicaux indéniables, un décollage économique pour certains pays (Asie du SE), mais un développement moindre, très dépendant des pays développés.
- Des limites sociales : la croissance réduit la pauvreté mais ne supprime pas les inégalités sociales. En France, campagne lancée par l’abbé Pierre en faveur des sans-logis en 1954.

II/ Croissance dépressive et nouvelle organisation économique du monde (1973-1990).

2.1 La rupture des années 1970.

Doc 2 p. 35 (graphique indices d’activité dans le secteur du BTP) / doc 4 p. 35 (diagramme évolution taux de croissance). Signes de la dépression économique ? Date de rupture ?
Doc 3 p. 35 (évolution cours du pétrole au 20ème s.) / doc 1 p. 34 (texte de 1978 sur les causes de la crise). Causes de l’entrée dans la dépression ?

- Début années 1970, essoufflement du modèle de croissance dans les pays industrialisés. Effondrement du système monétaire international en 1971 : plombés par les déficits commerciaux et la déséquilibre de la balance de paiements, les EU décident de ne plus assurer la convertibilité du dollar en or. Dans ce contexte de ralentissement de la croissance, crise brutale du pétrole en 1973 (1er choc pétrolier : prix du baril multiplié par 4). Simultanément, chute de la production industrielle, multiplication des faillites, retour d’un chômage de masse, accélération de l’inflation. « Stagflation » : néologisme utilisé pour décrire l’originalité de la crise de 1973, caractérisée par un ralentissement de la croissance et une flambée des prix.
- La crise se transforme en dépression dans les années 1970 : stagnation économique (ralentissement durable de la croissance) et maintien d’un chômage élevé.
- Des causes multiples. La crise de l’énergie n’est pas seule en cause. Il faut y ajouter la crise monétaire, la baisse de la demande (fin du baby boom), la saturation des marchés (les ménages sont équipés), le ralentissement des innovations techniques…

2.2 Une libéralisation accélérée de l’économie mondiale.

Doc 1 p.36 (diagramme des dépenses publiques dans les années 1970) / doc 5 p. 37 (texte de 1982 sur la politique de Carter) / doc 3 p. 36 (textes de 1984 et 1988 sur la politique de Thatcher). Evolution des solutions apportées à la dépression économique ?

- Dans les années 1970, les dirigeants des pays industriels, ont d’abord recours à des politiques de relance consistant à accroître les dépenses de l’Etat, à augmenter les salaires pour relancer la consommation et la production. Ces politiques, inspirées du keynésianisme, se traduisent par une hausse sensible des prélèvements obligatoires et ne parviennent pas réellement à résoudre le problème du ralentissement de la croissance.
- Dans les années 1980, en réaction à l’échec des politiques antérieures, un ordre néolibéral se met en place à l’échelle internationale. Néolibéralisme = théorie économique qui prône le désengagement de l’Etat, le démantèlement de l’Etat-providence, la privatisation massive afin de laisser jouer le mécanisme des prix. Exemple de la politique ultralibérale menée par le gouvernement Thatcher au Royaume-Uni.
- La libéralisation des échanges s’accélère dans le cadre du GATT (General agreement on tariffs and trade) avec une nouvelle réduction des taxes douanières. Dans les années 1980, les échanges de biens et de services explosent et un capitalisme financier s’affirme.

2.3 Une nouvelle hiérarchie des puissances.

- Dans les pays du Nord, les FMN délocalisent massivement leurs unités de production vers les pays du Sud où la main-d’œuvre est moins chère. Tertiarisation rapide des économies du Nord. Maintien d’un chômage de masse et aggravation des écarts sociaux.
- Emergence de NPI, en particulier en Asie. Ex de l’ouverture de la Chine et de son insertion dans la mondialisation à partir de 1976.
- Augmentation des écarts pays riches/pays en développement. Ex des pays d’Afrique subsaharienne en crise profonde qui peinent à s’intégrer dans le commerce mondial.

III/ Société de communication et nouvelle étape de la mondialisation (années 1990-2000).

3.1 Les technologies de l’information et de la communication (TIC) , une 3ème
révolution industrielle (RI).

Doc 3 p. 40 (texte de 1978 sur la 3ème RI) / doc 4 p. 41 (texte de 1978 sur la révolution informatique). Originalité, fondements, conséquences de la 3ème RI ?

La révolution de l’informatique constitue une véritable rupture technologique. Née aux Etats-Unis, elle s’appuie sur les innovations dans l’électronique (circuit intégré en 1957) et sur la miniaturisation des composants (microprocesseur en 1971). Démocratisation des TIC depuis une vingtaine d’années. Progrès de l’informatique indissociable de l’essor du réseau Internet, ouvert au grand public en 1989. Plus d’un milliard de « connectés » aujourd’hui, essentiellement au Nord. La 3ème RI a bouleversé l’économie et la société mondiales.

3.2 La 3ème RI, accélérateur de la mondialisation.

- L’effondrement du bloc soviétique, la conversion de la Chine et de l’Inde au capitalisme ont entraîné l’affirmation d’un même modèle économique dans l’ensemble de la planète. Les TIC ont renforcé la suprématie du capitalisme et du libre-échange, qu’aucun autre modèle de développement ne concurrence actuellement. Les TIC ont favorisé l’émergence d’une nouvelle division internationale du travail (DIT) et une industrialisation rapide de certains pays du Sud, fondée sur les activités technologiques. Par exemple, l’Inde, qui bénéficie d’une population bon marché et hautement qualifiée, s’est spécialisée dans la sous-traitance des services informatiques, notamment autour de Bangalore. Les NPI comme l’Inde voient apparaître une classe moyenne aisée qui s’intègre à la mondialisation et à la société de consommation.
- Il faut toutefois nuancer cette idée d’une nouvelle économie liée aux TIC et sa diffusion planétaire car les écarts de développement se sont accrus entre pays et à l’intérieur de nombreux pays. La fracture numérique (cassure séparant ceux qui disposent des TIC et ceux qui n’y ont pas accès) montre que des régions entières du Sud (Afrique subsaharienne, Moyen-Orient) restent à l’écart de la 3ème RI et de la mondialisation.

3.3 Une culture mondiale ?

Doc 5 p. 59 (texte sur la culture de masse) / doc 4 p. 59 (organigramme d’AOL-Time Warner)/ doc 2 p.52 (texte sur le retour du religieux). Conséquences et limites de la mondialisation de la culture ?

- La culture devient une marchandise. Déclinée sur tous les supports médiatiques (pub, tv, internet, cinéma, musique, jeux vidéo…), la culture est un enjeu économique majeur. La sur-médiatisation des produits culturels pose le problème du maintien d’une diversité culturelle et d’une culture de qualité.
- La mondialisation de la culture a pour effet une américanisation ou une occidentalisation des valeurs. A travers leurs firmes multinationales (exemple d’AOL-Time Warner), les Etats-Unis diffusent les valeurs américaines ou plus largement occidentales.
- La mondialisation ne conduit pas nécessairement à une uniformisation ou américanisation culturelle. Elle peut au contraire s’accompagner d’un plus grand métissage culturel ou d’une redécouverte des cultures locales. Elle peut aussi entraîner des formes de replis identitaires, de communautarismes, d’extrémismes religieux…

Conclusion. La croissance économique a été très forte au cours des « Trente Glorieuses », puis s’est nettement ralentie depuis 1973. Elle a favorisé une libéralisation accélérée de l’économie internationale, une montée en puissance du modèle capitaliste. Elle a profondément transformé les sociétés, devenues des sociétés de consommation, d’information et de loisirs américanisées. La 3ème RI, celle des TIC, a marqué une nouvelle étape de ce phénomène de mondialisation. Toutefois, l’accentuation des contrastes riches/pauvres, l’isolement de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, les destructions environnementales, le chômage de masse dans certains pays occidentaux peuvent être interprétés comme autant de limites de la croissance et de la création d’un espace socio-économique mondial.

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